Les déclarations scandaleuses du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, n'ont pas laissé de marbre la classe politique, la famille révolutionnaire et la société civile qui ont unanimement qualifié d'irresponsables et de provocateurs les propos tenus par le chef de la diplomatie française. Le FLN qualifie ces déclarations d'immixtion dans les affaires internes algériennes. Saïd Bouhedja, porte-parole de la première force politique, dira, à ce propos, que le chef de la diplomatie française ignore ou feint d'ignorer le développement qu'a connu la société algérienne. Il précise que c'est la génération de l'indépendance qui exerce les plus hautes responsabilités au sein des institutions nationales. Par ailleurs, il affirme que ces propos portent atteinte aux relations qu'entretiennent les deux pays. M. Bouhedja estime nécessaire de traiter les questions liées à la mémoire dans le respect mutuel. Le Rassemblement national démocratique dénonce fermement ces déclarations irresponsables, en rappelant que le peuple algérien est fier des héros de la Révolution. La deuxième force politique nationale souligne le caractère irresponsable de cette déclaration, «une immixtion dans les affaires internes d'Algérie». Le RND affirme que la nouvelle génération, héritière des réussites réalisées par les vaillants moudjahidine, n'est pas naïve comme le pensent les responsables français. Celle-ci est consciente et nationaliste. Cela étant, la deuxième force politique dénonce avec «force» cette attaque qui vise autant les moudjahidine que l'Histoire de l'Algérie, en réitérant son soutien au projet de criminalisation du colonialisme. Cette énième dérive n'a pas laissé indifférent le Mouvement de la société pour la paix. Mohamed Djemaâ, porte-parole du parti, a indiqué que cette déclaration qui suscite l'indignation « est hostile et condamnable ». Il a souligné, dans ce cadre, que « nous persistons à soutenir le projet de criminalisation du colonialisme français en Algérie et à demander des excuses, de la reconnaissance et des réparations matérielles et morales ». De son côté, le Parti des travailleurs n'est pas allé par le dos de la cuillère pour dénoncer ces déclarations. Ramdane Taâzibt indique que cette déclaration « est scandaleuse car elle émane de la part d'un responsable mal placé pour donner son point de vue sur les pouvoirs publics ». Kouchner, dit-il, « est responsable de malheurs de plusieurs pays par sa prétendu ingérence humanitaire ». « C'est une provocation lamentable et méprisable, d'autant que son auteur « est un nostalgique du colonialisme qui a oublié que l'Algérie a arraché son indépendance », grâce aux sacrifices consentis par ses valeureux fils. Le président du Front national algérien fait une tout autre lecture politique. Moussa Touati explique, en effet, que cette sortie du chef de la diplomatie française par le fait que son pays a perdu ses intérêts politiques moraux en Algérie et qu'il compte les récupérer par tous les moyens. M. Touati dira que « la France tente de trouver d'autres éléments à même de servir ses intérêts dans notre pays ». Bernard Kouchner, dit-il, « défend les intérêts de son pays et il va de soi que nous défendions les nôtres ». En-nahdha estime qu'avec ses élucubrations, Bernard Kouchner a dépassé les lignes rouges et portant ainsi atteinte à la souveraineté nationale. Mohamed Hadibi, cadre de cette formation politique, pense que les autorités algériennes doivent prendre une décision à la hauteur de la bourde politique qu'a commise le chef de la diplomatie française». L'Organisation nationale des enfants de chouhada n'est pas surprise de ce genre de sortie des responsables français à l'égard du peuple algérien plus que jamais unis lorsque l'unité nationale et les symboles de la guerre de libération nationale sont menacés. L'Onec souligne que la génération de l'indépendance a donné une leçon quant à sa fidélité aux valeureux moudjahidine qui ont libéré l'Algérie et qui ont veillé à sa construction. Les enfants de chouhada affirment être fidèles à ceux qui ont libéré notre pays, soulignant que les Algériens n'ont pas besoin de leçons. Ils considèrent que ces déclarations renforcent davantage les rangs du peuple algérien. Pour la Fondation du 8 Mai 45, les propos de Kouchner ne sont pas étrangers à « nos prévisions, et n'honorent ni la France ni son peuple». L'Algérie, écrit la Fondation en question, est indépendante et n'est plus une annexe de la douce France. « Il n'y a que vous et ceux qui vous manipulent qui somnolent encore dans les vieilles chansonnettes des nostalgiques d'hier et d'aujourd'hui », conclut la Fondation.