A l'occasion de la journée du savoir « Youm El Ilm », l'Association des oulémas musulmans algériens (AUMA) organise un séminaire national les 18 et 19 avril à Dar el Imam (Alger). «Les conférenciers se pencheront sur la personnalité, la pensée et les activités de Abdelhamid Ibn Badis fondateur, avec d'autres cheikhs, de l'association qui avait pour rôle l'éducation des jeunes algériens durant la période coloniale ». C'est ce que nous a confié Abdennacer Boutaoui, membre de l'Association des oulémas musulmans que préside Abderrahmane Chibane. De nombreuses activités culturelles, des conférences notamment sont programmées à travers le pays à Bordj Bou Arréridj, Ghelizane, Khemis el Khechna où on inaugurera une école coranique et El Oued où un séminaire sur le saint Coran est organisé, chaque année, au mois d'avril qui coïncide cette fois-ci avec le 90ème anniversaire du décès du leader de la renaissance algérienne. Issu d'une famille de vieille bourgeoisie citadine d'origines amazighes, cette figure emblématique du mouvement réformiste est née à Constantine le 4 décembre 1889. Il apprend le Coran à l'âge de 13 ans et rejoint en 1908 l'université « Zitouna » en Tunisie. Là-bas, Ibn Badis rencontre beaucoup de savants qui influencèrent sa personnalité et son orientation à l'image de Cheikh Mohamed Al Nakhli de Cheikh Al Bachir Safer et Cheikh Al Taher ben Achour qui lui a appris à savourer la beauté de la langue arabe. Il retourne en Algérie pour enseigner à la mosquée Djamaa El Kebir de Constantine mais des opposants au mouvement réformiste musulman l'interdisent ce qui le pousse à quitter l'Algérie vers le Moyen-Orient. Il en profite d'abord pour accomplir le pèlerinage et donne ensuite des cours au Masdjid El Nabaoui pendant trois mois. Par la suite, il rencontre Cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi, l'un des partisans du mouvement réformiste musulman algérien avec qui il entretient de longues discussions. Il élabore un plan de réforme et décide de rentrer au pays encouragés par les conseils de Cheikh Hussein Ahmed El Hindi. Sur le chemin du retour, il rencontre beaucoup d'hommes de littérature et de science en visitant la Syrie et la mosquée d'El Azhar d'Egypte. En 1913, Ibn Badis enseignait dans sa ville natale en donnant des cours aux petits puis aux grands et développe en même temps l'idée de créer l'Association des Oulémas Musulmans Algériens. Il participe en 1936 à la fondation du Congrès Musulman Algérien (CMA) mais il est désuni durant l'été de 1937. Il revient dans la même année à la tête de l'Association des Oulémas Musulmans Algériens et commence à dénoncer en tant que journaliste la répression qui s'abattait sur les Algériens. Ouvert avec les jeunes passionnés par le football, il fonde en 1939 le club de Mouloudia Ouloum de Constantine (MOC). Le leader décède le 16 avril 1940 à Constantine où il est enterré en présence de 20 000 personnes dans des obsèques qui prirent l'aspect d'une gigantesque manifestation anticolonialiste. L'homme est mort, mais il vit dans le cœur de chaque Algérien. Pour Malek Bennabi, ses actions ont déclenché un processus de prise de conscience pour la génération de l'époque. Il écrit dans son ouvrage (la mémoire de Ben Badis) que «son effet immédiat fut celui d'une immunisation qui arrêta net le processus de désalgérianisation dans un pays et détermine la nouvelle orientation de celui-ci. Il marquait en effet l'instant d'un nouveau clivage et le départ d'une nouvelle sédimentation qui déclencha en Algérie un processus de récupération des valeurs traditionnelles enfouies momentanément sous le limon de l'ère coloniale ».