Sid Ahmed Kara, vous êtes connu en tant qu'homme de théâtre et surtout comme metteur en scène qui a cette audace de traiter des sujets tabous et ardus. Aujourd'hui vous avez adapté une œuvre de William Shakespeare « Le roi Lear ». Parlez-nous de cette nouvelle expérience ? Cette expérience n'est pas venue du néant. Au fait, c'est un projet qui a muri durant trois ans. Un jour, j'ai consulté sur internet les œuvres de William Shakespeare, j'ai constaté que l'œuvre « Le roi Lear » a suscité un grand nombre de critiques dans le monde. Elle est régulièrement donnée en exemple comme l'une des pièces les plus achevées de l'auteur, les critiques notent en particulier la véracité avec laquelle le poète exprime les souffrances humaines et les tragédies familiales. Plusieurs auteurs ont proposé une autre écriture à cette tragédie noire. Je n'ai cessé de m'interroger sur le pourquoi des choses. J'ai ainsi découvert lors de ce travail que Shakespeare traversait une phase très difficile au moment où il a écrit cette œuvre. L'influence de Shakespeare sur le théâtre moderne est considérable. Peut-on conclure que vous êtes à votre tour marqué par cette figure éminente de la culture occidentale ? Foncièrement. J'ai adoré le texte. Je suis fasciné par sa maîtrise des formes poétiques et littéraires, sa capacité à représenter les aspects de la nature humaine est souvent mise en avant par ses amateurs. J'ai voulu épouser l'âme de cette œuvre, de comprendre l'état de cette illustre personnalité, le moment de la création des personnages. Pour moi, William Shakespeare continue d'influencer les artistes d'aujourd'hui. Il est l'unique dramaturge qui a su pratiquer la comédie et la tragédie. Il est pour moi une constitution. Le roi Lear est une tragédie scindée en cinq actes en vers et en prose. Avez-vous opté à remanier cette œuvre que certains qualifient d'attristante ? J'ai apporté quelques modifications à cette œuvre. J'ai par exemple, établi un seul acte au lieu de cinq. Il faut, toutefois savoir qu'adapter un ouvrage de cinq actes sur les planches d'un théâtre n'est pas une sinécure. Cela suscite un grand budget, un grand nombre de comédiens et une représentation d'une longue durée. J'ai également introduit d'une manière active le personnage de Cordelia dans la pièce, alors que dans le texte, elle apparaît au début et à la fin de l'histoire. Il serait souhaitable que d'autres publics, d'autres régions du pays profitent de cette représentation. Etes-vous actuellement sur un projet particulier ? Certainement. A la demande du public, nous prolongeons de quelques jours la représentation de cette pièce au Théâtre National Algérien. Nous comptons entamer une tournée en mai dans les régions de l'Est et de l'Ouest du pays. Je compte réaliser, sur demande du public une pièce de théâtre qui traitera de la bouqala, une sorte d'une deuxième version de la pièce que j'ai déjà jouée en 2007.