Un colloque intitulé : «Un homme, une œuvre, une destinée» dédié au chantre de la chanson kabyle et chaabie, Cheikh El-Hasnaoui, s'est ouvert, hier, samedi, à Tizi Ouzou. Organisée à l'initiative de l'association culturelle Issegman (les bourgeons) de Tizi Ouzou, cette manifestation vise à (re) découvrir l'une des figures «les plus complexes» de la chanson chaabie. Chanteur attitré de l'exil et de la séparation, il a bercé des générations entières avec ses airs envoûtants, chantés avec une voix grave et saccadée, portée par des sonorités lancinantes du banjo. Le document lu par une représentante de l'association, est un témoignage de la veuve de l'artiste Denise Hasnaoui, sur la bonté, la générosité, la simplicité et autres vertus qui ont caractérisé El-Hasnaoui avec qui elle a partagé «une vie de couple de 57 ans», qu'elle a qualifiée d'un «film d'amour et de bonheur». «Aujourd'hui je garde sa mandoline qu'il n'a pas voulu emporter avec lui sur l'île de la Réunion, malgré toute l'importance qu'elle représente pour lui», a encore révélé la veuve de l'artiste. Elle a aussi demandé de l'aide pour recouvrer les droits d'auteur de son mari, avant de conclure en affirmant qu'elle a «renoncé à écrire un livre sur lui, car il y a trop de livres qui lui ont été consacrés. Je préfère laisser le mystère planer sur ce mythe artistique», a-t-elle ajouté. Selon les organisateurs, le Cheikh a légué à la postérité un répertoire de 48 chansons enregistrées, dont 29 en kabyle et 19 en arabe dialectal, dont les fameux tubes "Maison-Blanche et Ya n'djoum el nil". Ses chansons, qu'il déclamait dans des cafés pour que ses compatriotes n'oublient pas leurs familles et le pays, sont considérées, pour la plupart, comme un baume qu'il mettait sur les plaies de l'exil. Mais il a chanté aussi la liberté, la femme et l'amour. Aujourd'hui, même les jeunes qui ne l'ont jamais connu l'estiment et l'apprécient, pour tout ce qu'il incarne comme sensibilité et attachement aux traditions ancestrales, même en demeurant loin du pays qu'il a quitté trop tôt, sans jamais y revenir, avant de s'éteindre à l'âge de 92 ans dans la lointaine île de la Réunion, dans l'océan Indien, le 6 juillet 2002.