La morphine est un stupéfiant que le médecin prescrit aux cancéreux pour calmer la douleur. Ce traitement devient essentiel lorsque la maladie atteint un certain stade. Un stade où la buprénophine (le thémégesic) et le paracétamol, prescrits également comme calmants pour le malade ayant une tumeur, n?ont plus aucun effet. Cependant, ce médicament, non remboursable, est disponible seulement au niveau des pharmacies centrales des hôpitaux. Rares sont, en effet, les pharmacies qui ont pris la lourde responsabilité de vendre de la morphine. Ces officines délivrent ce médicament avec un registre spécial paraphé pratiquement tous les mois par la police. Le malade non hospitalisé doit, à chaque fois, faire le déplacement au niveau de ces infrastructures pour s?approvisionner. «Ma mère est atteinte d?un cancer du foie. Comme elle est au stade final de la maladie, on nous a conseillé de la garder à la maison pour qu?elle puisse mourir parmi ses proches. Cependant, la douleur est tellement insupportable qu?on est obligé de l?emmener à chaque fois à l?hôpital pour se faire administrer le médicament», confie le fils de cette malade. Une responsable au niveau de la pharmacie du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a indiqué que «la morphine obéit à la règle des sept jours, c?est-à-dire qu?elle est délivrée au malade pour une durée qui ne dépasse pas cette période». Ne s?agissant pas d?un médicament à usage fréquent, les malades sont contraints de se présenter à chaque fois chez le médecin pour se faire délivrer une ordonnance. «Les malades non hospitalisés deviennent, ainsi, des malades ambulants», lance ironiquement le parent d?une cancéreuse. Plusieurs médecins rencontrés avouent, toutefois, qu?ils sont souvent obligés de violer la loi pour prescrire ces stupéfiants à leurs malades pour une durée dépassant les sept jours afin de leur éviter plus de mal. La responsable au niveau de la pharmacie du ministère de la Santé a, d?ailleurs, estimé que «l?idéal serait de créer des comptoirs au niveau de chaque pharmacie centrale des différents hôpitaux pour que le malade puisse s?approvisionner en produits morphiniques». Pour le Pr Afiane, chef de service radiothérapie-oncologie au centre Pierre et Marie-Curie, «il existe dans tous les pays du monde une politique de la gestion de la douleur, ou soins palliatifs. En Algérie, pourtant seul pays où le traitement pour cancéreux est pris en charge par l?Etat, on n?est pas encore arrivé à mettre en place une réglementation et une gestion efficaces des produits morphiniques». Ce spécialiste trouve que «l?idéal serait de disposer au moins d?une officine par wilaya qui commercialiserait ces stupéfiants afin de permettre aux malades de s?approvisionner normalement». Un autre problème qui vient s?ajouter à celui de la morphine est le traitement pour les cancéreux qui n?est pas disponible dans toutes les structures hospitalières. Les malades à l?échelle nationale sont contraints de se présenter au centre Pierre et Marie-Curie (CHU Mustapha), au centre militaire de lutte contre les cancers à Aïn Naâdja, au centre d?Oran ou à celui de Constantine.