Danger Tout le monde dort, y compris le couple de nouveaux mariés. L?inconnu qui les observe voit surgir de la bouche de Raoudha un serpent de petite taille qui glisse vers la tête de Samir. Sans plus attendre, il tira un large coutelas de sa ceinture et bondit en direction du reptile qui s?apprêtait à mordre le cou de Samir. D?un geste vif et précis, l?inconnu trancha la tête du serpent qu?il jeta au loin avant de se retirer aussi discrètement qu?il était venu. Le lendemain matin, autant les parents de Raoudha que les compagnons de Samir avaient les yeux rivés vers la chambre des époux ; tous appréhendaient le réveil de la jeune mariée et la terrible nouvelle qu?elle ne manquerait pas de leur annoncer, comme les autres fois. Lorsque la porte s?ouvrit et que Samir apparut, souriant, ils furent soulagés. Ce fut comme un ravissement et la fête reprit. Le vieux père de Raoudha était certainement le plus heureux de tous. La malédiction qui s?était abattue sur son adorable fille avait enfin été exorcisée. Personne ne savait, en fait, comment le démon qui la possédait avait été vaincu et ce n?était pas le compagnon inconnu de Samir qui allait le leur révéler. Ils reprirent le chemin du retour sur Annaba deux jours après et le voyage se passa sans encombre, cette fois. Samir, accompagné de sa jolie épouse, était rayonnant de bonheur lorsqu?il se présenta devant son père. Ce dernier loua le ciel de tant de bénédiction et se tourna vers les compagnons de son fils pour les remercier de s?être montrés aussi dévoués à sa personne. Il s?adressa tout particulièrement à l?inconnu qui avait été aussi efficace que discret durant cette expédition et le pria de demander ce qu?il voulait en récompense de sa généreuse contribution. L?homme sourit pour la première fois depuis qu?ils s?étaient rencontrés et dit en guise de réponse : «Tu ne peux savoir combien je suis content d?avoir pu te servir, Hadj Mohamed ! C?est moi qui te suis redevable depuis que tu as aidé ma famille à préserver sa dignité !» Le commerçant fut intrigué par ces mots et demanda : «Ta famille ?... Mais je ne connais pas ta famille ! Et je ne vois pas en quoi j?ai pu l?aider à préserver sa dignité ?» Toujours aussi énigmatique, l?inconnu se pencha et prit la main de Hadj Mohamed qu?il posa sur son front en signe de profond respect et, faisant mine de s?éloigner, il murmura ces mots que le commerçant n?oublia jamais : «Tu as remboursé une somme d?argent que devait un certain Kouroughli à un de tes voisins. Ton geste n?a pas été inutile puisque non seulement il a libéré mon âme, mais il m?a permis d?être désigné comme ton ange protecteur !»