Endurance n «Je me souviens de ramadan en période des grandes chaleurs durant les années soixante-dix. C'était vraiment insupportable. Nos langues changeaient de couleur, le gosier était toujours sec et on crachait blanc» Cela fait plus d'une trentaine d'années que le ramadan n'a pas coïncidé avec l'été. Cette année sera donc l'occasion pour de nombreux fidèles de découvrir pour la première fois le jeûne en pleine période estivale et où la chaleur frôle les quarante degrés. S'abstenir de boire et de manger du matin jusqu'au soir, environ quinze heures sous un soleil de plomb, n'est pas une mince affaire. Jeûner en plein été est vraiment «une rude épreuve», résume ce vieux de quatre-vingts ans ayant observé le jeûne deux fois durant l'été. Ceux qui sont aujourd'hui âgés de plus de quarante ans se souviennent encore de ce dur exercice. «Je me souviens très bien du ramadan en période de grande chaleur durant les années soixante-dix. C'était vraiment insupportable. Nos langues changeaient de couleur, le gosier était toujours sec et on crachait blanc», se souvient un septuagénaire rencontré dans un marché à Bab El-Oued, pour illustrer le degré de la soif. «Nous prions toujours Dieu de nous donner plus de force et de résistance pour tenir jusqu'au f'tour. Mais certains craquaient sous l'effet de la déshydratation», reconnaît ce vieillard. Son ami Mohamed, 78 ans, estime que jeûner durant l'été, c'est donner son véritable sens au ramadan. «Le besoin de boire de l'eau était incessant. L'exercice se durcissait particulièrement quand la campagne de moissons-battages arrivait. Les gens se levaient très tôt le matin pour éviter la grande chaleur de la mi-journée», se souvient encore ce vieux. Interrogé sur les températures de cette époque, de nombreux «anciens» ont affirmé que l'été durant ces années était plus clément que celui d'aujourd'hui. «Il y avait tout le temps de la fraîcheur, moins d'humidité et on n'entendait pas parler d'incendies de forêt à grande échelle», soutient un septuagénaire pour qui le ramadan, en été, «constitue une grande épreuve pour les croyants». Approchés, des jeunes qui jeûneront pour la première fois en été, affirment l'appréhender pour certains avec sérénité et pour d'autres avec inquiétude. «Jeûner en plein été pour moi ce n'est pas un problème. Tant que la foi existe en moi, je vais tenir même si je reconnais qu'il sera dur et que je vais souffrir de soif», avoue Brahim, la trentaine, avant d'ajouter : «Je souhaite seulement que durant ce mois de piété, il n'y ait pas de feu de forêt comme cela a été le cas l'an dernier au mois de septembre.» Youcef, âgé d'à-peine 20 ans, déclare, quant à lui : «Je découvrirai le jeûne en été pour la première fois. Nos parents nous disent que c'est difficile. Je sais que faire carême en cette période de chaleur, sera une épreuve de patience surtout en ce qui concerne la soif.» «Sûrement je ressentirai énormément de difficultés puisque l'année passée, c'était plus difficile que d'habitude», estime, pour sa part, Ali, 25 ans.