Résumé de la 5e partie n Les Israéliens, envoyés pour espionner le présumé Eichmann, le trouvent bien changé physiquement et vivant modestement... Il suit Ricardo Klement et il s'emploie à prendre le plus de clichés possible sans se faire remarquer. Les mêmes observations ont lieu à midi, quand Klement sort pour déjeuner, car il quitte l'usine pour prendre ses repas dans un restaurant, d'ailleurs très modeste. Il est également surveillé quand il prend l'autobus du retour, après sa journée de travail, et quand, enfin, il arrive chez lui. A ce moment, les trois Israéliens se retrouvent dans la maison de location, ils développent les photos et les comparent avec celles d'Eichmann. Il y a une ressemblance, c'est incontestable, mais c'est tout... Les jours s'écoulent, désespérément semblables. La vie de Ricardo Klement est réglée comme une horloge. Il fait exactement les mêmes choses aux mêmes heures. Bien sûr, tout cela s'accorde assez avec le planificateur maniaque qu'était Adolf Eichmann, mais ce pourrait être tout aussi bien l'existence d'un banal ouvrier, comme il y en a des millions... Le temps passe, il va falloir prendre une décision qui, en cas de doute, ne peut être que négative. Et c'est alors que la vérité éclate de la manière la plus inattendue ! Le 21 mars 1960 est un jour comme les autres. Derrière les volets à moitié clos de sa maison, Gad voit l'habitant de la calle Garibaldi faire sa toilette dans le petit appentis. A 6h 45, il embrasse sa femme, puis il va, quelques centaines de mètres plus loin, prendre son autobus. Lorsque celui-ci démarre, Gad décroche son téléphone, pour dire à Yigal : — Tout est normal. Tout est normal aussi à l'autre bout de la ville. Dov voit celui qu'il surveille descendre de l'autobus à 7h 15 et il le suit pour prendre des photos, qui n'apporteront sans doute aucun élément nouveau. A l'heure du déjeuner, c'est toujours la même routine. Mais à 17h 30, Dov, qui observe la sortie de l'usine depuis le trottoir d'en face, a un violent sursaut. Ricardo Klement, ou celui qui se fait passer pour tel, ne se dirige pas vers l'arrêt d'autobus, il prend la direction opposée et entre dans une boutique. Un fleuriste. Il en ressort avec un bouquet et, alors seulement, va prendre l'autobus. Dov bondit vers la cabine téléphonique d'où chaque jour il appelle Yigal, lui annonce l'information et raccroche. Ni l'un ni l'autre n'ont fait de commentaire, il faut être prudent, mais tous deux ont compris ce que cela signifie : ils ont gagné ! Yigal se garde bien d'appeler Gad pour lui annoncer la nouvelle, il veut en avoir confirmation de sa part. Mais à 18 heures celui-ci lui téléphone à son tour. Il exulte. — Il a un bouquet de fleurs ! C'est extraordinaire ! Oui, c'est extraordinaire et, peu après, les trois hommes, qui se retrouvent dans la maison, fêtent ensemble leur victoire... Parmi les dates consignées sur le livret SS, que tous les trois connaissent par cœur, figure le 21 mars 1935. Ce jour-là, Adolf Eichmann a épousé Vera Leibl. Ce 21 mars 1960 est le vingt-cinquième anniversaire de leur mariage. Ce sont leurs noces d'argent. Celui qui est responsable de la mort de millions d'hommes, de femmes et d'enfants, s'est fait prendre parce qu'il est un bon mari, qui aime son épouse... Le lendemain matin, Yigal va à la poste pour envoyer au chef des services secrets le télégramme convenu en cas de réussite : «L'homme est l'homme.» On peut maintenant passer à la deuxième partie de l'opération : l'enlèvement. Les trois Israéliens ont besoin d'un certain temps pour recruter des agents argentins auxiliaires ainsi que pour résoudre les divers problèmes matériels.