Avis n Pour Khalti Fatma, la soixantaine passée, le couffin du ramadan n'est guère une solution tout à tait convenable et ne peut, en aucun cas, constituer un rempart contre la pauvreté et le chômage qui n'arrêtent pas de ronger des familles entières à travers notre pays. «Il est vrai qu'il s'agit d'une action humanitaire de solidarité et de bienfaisance qui peut résoudre un certain nombre de problèmes que rencontrent beaucoup de familles nécessiteuses durant le mois sacré», reconnaît-elle avant de préciser : «Seulement, en tant que pauvres et malheureux, nous espérons des solutions adéquates et définitives au calvaire de la misère que nous endurons depuis longtemps et que nous endurerons certainement durant tout le restant de notre existence.» Elle, qui, depuis son divorce, habite aux alentours de la commune de Chattia, au nord de la ville de Chlef avec ses deux enfants, a toujours vécu des épreuves longues, douloureuses et insupportables. Elle n'a jamais eu la chance de connaître une vie normale à l'instar de ses voisins. Si elle arrive à surmonter les dures et pénibles étapes qu'elle traverse sans cesse, c'est tout simplement grâce aux âmes charitables et autres bienfaiteurs qui la connaissent et qui ne l'ont jamais laissée tomber. Quant au couffin de ramadan distribué dans sa localité à chaque mois sacré, elle dira avec détermination que sa répartition a été toujours mal gérée, mais surtout entachée d'irrégularités. «Bien que pauvre et nécessiteuse, je compte définitivement renoncer au couffin en question. Jusqu'à présent, j'ai toujours figuré sur la liste des bénéficiaires de cette action de solidarité que l'Etat nous accorde. Mais compte tenu des dérapages de certaines personnes malhonnêtes chargées de la gestion de cette opération au niveau local, beaucoup de familles pauvres qui tiennent à leur dignité et qui n'acceptent jamais d'être humiliées ni malmenées, ont préféré se retirer plaçant ainsi leur destin entre les mains de Dieu», regrette-t-elle avant d'aller plus loin dans ses révélations : «Sachez que des produits alimentaires destinés aux familles démunies sont, malheureusement, attribués à celles qui ne sont pas dans le besoin. Au vu et au su de tout le monde, des couffins sont acheminés par voiture au moment où plusieurs nécessiteux, dont le nombre augmente sensiblement d'année en année, rentrent chez eux, à chaque fois, bredouilles». «Tous les jours, aux environs de 16h, des dizaines de nécessiteux, hommes, femmes et jeunes se rassemblent non loin du siège de l'APC afin de recevoir leurs paniers. Sous un soleil de plomb, de nombreux citoyens dans le besoin manifestent leur mécontentement en s'opposant à la distribution des denrées en question car ils ne figurent pas sur les listes des bénéficiaires. Anarchie et échange de propos offensants caractérisent dans la plupart des cas cette opération de solidarité que plusieurs malheureux attendent, pourtant, avec impatience», fait savoir, enfin, Khalti Fatma avec regret et amertume.