Spécificité n El-Main, El-Colla, El-Djaâfra ou Ouled Halla, de même que les autres localités montagneuse des Bibans connaissent des soirées de ramadan faites de piété et de simplicité rustique. Si dans les villes importantes de la wilaya, les citoyens bénéficient de programmes d'animation préparés à l'avance par les responsables locaux des secteurs de la culture, des affaires religieuses ou de l'action sociale, dans ces localités montagneuses, l'enclavement n'étant défié que par l'ubiquité universelle de la télévision, les soirées de ce mois sacré conservent encore le charme et la tranquillité que leur prête la nostalgie des plus âgés. Dans le calme des logis, on devine derrière les fenêtres des veillées de ramadan ponctuées par les derniers travaux ménagers de la journée, le rassemblement autour des programmes télé et surtout les joies des échanges de nouvelles que procurent les visites des proches et des voisins. Pour les hommes, l'unique destination après le f'tour, demeure la mosquée où beaucoup s'attardent encore et, une fois la prière des tarawih achevée, ils restent là pour méditer, lire le Coran ou consulter l'imam sur des questions édifiantes. Parmi la jeunesse, pendant que les plus actifs préfèrent s'adonner au sommeil en prévision d'une journée de labeur, d'autres regrettent l'absence de ces «soirées artistiques» qui profitent aux citadins. Dans la plupart de ces villages dispersés, taches de lumière qui percent ça et là la garrigue enveloppée dans les ténèbres, la seule distraction profane durant les nuits de ramadan, reste pour quelques amateurs, la partie de cartes ou de dominos dans l'unique café ouvert. Pour les autres, il reste, à la faveur de la fraîcheur nocturne, les promenades le long des chemins forestiers. De nombreux villageois disposant d'un véhicule personnel préfèrent se rendre, après le f'tour, à Bordj Bou-Arréridj, Ighil Ah, Akbou ou Béjaïa. «Oui, nous faisons des parties de dominos dans les quelques magasins d'alimentation générale qui restent ouverts après les prières, mais généralement, on se quitte rapidement, pour les programmes de télévision, tandis que les vieux restent fidèles à la radio et écoutent les émissions de la chaîne kabyle, car pendant la nuit ils se déplacent rarement », témoigne un jeune d'El-Main. En traversant les villages situés entre la daïra d'El-Djaâfra et la ville de Bordj Bou-Arréridj, entre 23 heures et 1 heure du matin, tout le nord des Bibans semble sommeiller profondément et paisiblement. Dans la région, un projet de village touristique défraye pourtant la chronique et alimente moult discussions ramadanesques. Il s'agit d'un futur complexe touristique et religieux prévu, dit-on. Cette infrastructure réunira, dans la commune d'El-Main, deux sites voisins, la zaouïa et les thermes. A El-Main, la campagne de récolte des olives et des figues étant clôturée depuis le début du ramadan, ce sera l'Aïd el-fitr qui apportera, dès les prochains jours, de l'animation et de la gaîté dans les beaux villages kabyles du Nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj.