Résumé de la 63e partie n Thomas révèle à Audrey qu'il sait ce qui lui est arrivé. Il lui demande de faire fi du passé en considérant qu'il est «mort et enterré»… Il est des choses qu'on n'oublie pas, murmura-t-elle. — Ecoute, Audrey. Ça ne sert à rien de gratter les vieilles plaies. Tu as connu l'enfer, c'est vrai. Mais à quoi bon revenir sans cesse sur ce qui t'obsède ? Il faut que tu regardes devant toi, pas derrière. Tu as encore toute ta vie, tu as l'avenir devant toi. Alors, pense à demain. Plus à hier. Elle tourna vers lui de grands yeux vides dans lesquels nul n'eût pu lire ses véritables pensées. — Et si par hasard j'en étais incapable ? — Il le faut pourtant bien ! — Je savais que tu ne pourrais pas comprendre, souffla-t-elle. Je... je crois que je ne suis pas normale pour... enfin, pour certaines choses. — Quelle ânerie ! s'emporta-t-il. Tu... — Je... quoi ? — J'étais en train de penser à toi quand tu n'étais encore qu'une gamine.., avant que tu n'épouses Neville. Pourquoi diable l'as-tu épousé, d'ailleurs ? — Parce que j'étais tombée amoureuse de lui, sourit-elle. — Oui, oui, ça, je sais... Mais alors, pourquoi es-tu tombée amoureuse de lui ? Qu'est-ce qui t'a tellement attirée chez lui ? Audrey plissa les paupières, comme si elle tentait de voir à nouveau avec ses yeux d'autrefois. — Sans doute le fait que je le trouvais si «positif». Il a toujours été à l'exact opposé de ce que je suis moi-même. Je me suis toujours vue floue.., pas tout à fait réelle. Mais Neville, lui, était une force de la nature. Il était si heureux de vivre, si sûr de lui et si... Bref, tout ce que je n'étais pas. Elle sourit. — Et si beau garçon. — Oui, l'Anglais idéal, répliqua Thomas, amer. Sportif, beau gosse, bien élevé, sans prétention, le vrai bon chic bon genre... Et qui dans la vie a toujours eu ce qu'il voulait. Elle se raidit encore, les yeux fixes. — Tu le détestes. Tu le détestes cordialement, n'est-ce pas ? Il détourna le regard et, faisant de ses mains un écran, protégea l'allumette avec laquelle il rallumait sa pipe. — Quand bien même ce serait le cas, ça n'aurait rien de surprenant, non ? grommela-t-il. Il a tout ce que je n'ai pas. Il est doué pour le sport, Il nage, il danse, il a de la conversation. Tandis que moi, je ne suis qu'un balourd, taciturne et manchot. Il est brillant et il a du succès - moi, j'ai toujours été un bonnet de nuit. Et puis Il a épousé la seule femme que j'aie jamais aimée. Audrey étouffa une exclamation. — ça, tu l'as toujours su, ne dis pas le contraire, gronda-t-il sauvagement. Tu l'as su avant même d'avoir quinze ans. Et tu sais que je t'aime encore... — Non. Plus maintenant, le coupa-t-elle. — Qu'est-ce que ça veut dire : plus maintenant ? Audrey s'était levée. — Parce que, murmura-t-elle d'une voix pensive. Parce que, maintenant, je... je ne suis plus la même. — Comment ça, plus la même ? (à suivre...)