Résumé de 8e partie n Même au palais, la nuit, elle tricotait une cotte de mailles. Et alors qu'elle entreprenait la confection de la septième, il ne lui restait plus de lin… Elle savait que les orties qu'il lui fallait employer poussaient au cimetière, mais elle devait les cueillir elle-même, comment pourrait-elle sortir ? «Oh ! qu'est-ce que la souffrance de mes doigts à côté du tourment de mon cœur, pensait-elle, il faut que j'ose, Dieu ne m'abandonnera pas !» Le cœur battant comme si elle commettait une mauvaise action, elle sortit dans la nuit éclairée par la lune, descendit au jardin, suivit les longues allées et les rues désertes jusqu'au cimetière. Là, elle vit sur une des plus larges pierres tombales un groupe de hideuses sorcières. Elisa était obligée de passer à côté d'elles et elles la fixaient de leurs yeux mauvais, mais la jeune fille récita sa prière, cueillit des orties brûlantes et rentra au château. Une seule personne l'avait vue : le conseiller du roi encore debout tandis que les autres dormaient. Ainsi il avait donc eu raison dans ses soupçons malveillants sur la reine, elle n'était qu'une sorcière ! C'est ainsi qu'il dit au roi ce qu'il avait vu, que ce qu'il soupçonnait était vrai : son épouse est une sorcière. Des larmes amères coulaient sur les joues du roi, il rentra chez lui avec un doute au cœur. Maintenant, la nuit, il faisait semblant de dormir mais il ne trouvait pas le sommeil, il remarquait qu'Elisa se levait chaque nuit et chaque nuit il la suivait et la voyait disparaître dans sa petite chambre. Jour après jour, il devenait plus sombre, Elisa le voyait bien, mais elle ne se l'expliquait pas. Elle s'inquiétait à présent et pour son époux et pour ses frères ! Ses larmes coulaient sur le velours et la pourpre royale, elles y tombaient comme des diamants scintillants, et les dames de la cour qui voyaient toute cette magnificence eussent bien voulu être reines à sa place. Cependant, elle devait être bientôt au terme de son ouvrage, il ne manquait plus qu'une cotte de mailles, encore une fois elle n'avait plus de lin et plus une seule ortie. Il lui fallait encore une fois, la dernière, s'en aller au cimetière en cueillir quelques poignées. Elle redoutait cette course solitaire et les terribles sorcières, mais sa volonté restait ferme. Elisa partit donc, mais le roi et son conseiller la suivaient ; ils la virent disparaître à la grille du cimetière et, quand eux-mêmes s'en approchèrent, ils virent les affreuses sorcières assises sur la dalle comme Elisa les avait vues. Alors le roi s'en retourna, il l'imaginait parmi ces sorcières, elle dont la tête avait, ce même soir, reposé sur sa poitrine. — C'est le peuple qui la jugera, dit-il. Le peuple la condamna, elle devait être brûlée vive. (à suivre...)