Résumé de 9e partie n Persuadé que sa femme est une sorcière, le roi la présente à son peuple qui la condamne à être brûlée vive… Arrachée aux magnifiques salons royaux, Elisa fut jetée dans un cachot sombre et humide où le vent soufflait à travers les barreaux de la fenêtre ; au lieu du velours et de la soie, on lui donna, pour poser sa tête, la botte d'orties qu'elle avait cueillie, les rudes cottes de mailles brûlantes qu'elle avait tricotées devaient lui servir de couvertures et de couette, mais aucun présent ne pouvait lui être plus cher. Elle se remit donc à l'ouvrage. Le soir elle entendit un bruissement d'ailes de cygnes devant les barreaux : c'était le plus jeune des frères qui l'avait retrouvée. Alors elle sanglota de joie et pourtant elle savait que cette nuit serait sans doute la dernière de sa vie. Mais maintenant, l'ouvrage était presque achevé et ses frères étaient là ... Le conseiller du roi arriva pour passer les heures ultimes avec elle il l'avait promis au roi - mais elle, secouant la tête, le pria par ses regards et sa mimique de s'en aller. Cette nuit-même, il fallait que son travail soit terminé, sinon tout aurait été inutile, sa douleur, ses larmes et ses nuits sans sommeil. Le conseiller la quitta tout en prononçant quelques méchantes paroles, mais cela ne l'empêcha pas de continuer sa besogne. Les petites souris couraient sur le plancher et traînaient des orties jusqu'à ses pieds afin de l'aider de leur mieux, et un merle se posa sur la fenêtre et siffla toute la nuit pour qu'elle ne perdît pas courage. Ce n'était pas encore l'aube - le soleil ne se lèverait qu'une heure plus tard - quand les onze frères se présentèrent au portail du château. Ils demandaient qu'on les mène auprès du souverain mais on leur répondit que c'était tout à fait impossible. Sa majesté dormait et nul n'osait le réveiller. Ils supplièrent, ils menacèrent jusqu'à ce que la garde et le roi lui-même parurent. A cet instant, le soleil se leva, plus de frères, mais au-dessus du palais, onze cygnes sauvages volaient à tire-d'aile. Maintenant la foule se pressait aux portes de la ville, tout le peuple voulait voir brûler la sorcière. Une vieille haridelle traînait la charrette où on l'avait assise vêtue d'une blouse de grosse toile de jute, ses admirables cheveux tombaient autour de son visage d'une mortelle pâleur, ses lèvres remuaient doucement tandis que ses doigts tordaient le lin vert. Même sur le chemin de la mort, elle n'abandonnerait pas l'œuvre commencée, dix cottes de mailles étaient posées à ses pieds, elle tricotait la onzième. (à suivre...)