Statistiques n «Des familles entières dont des écoliers, des femmes et même des bébés sont aujourd'hui jetés à la rue. Au total, il a été recensé 121 familles expulsées avec plus de 202 enfants». Ce sont là les propos tenus par le porte-parole du comité SOS expulsions, Hakim Salmi, qui a animé, hier, une conférence de presse au siège de la Laddh afin d'interpeller les pouvoirs publics sur ce phénomène qui porte atteinte à la dignité des citoyens. En vérité ce chiffre ne reflète pas la réalité, le nombre doit être plus important, puisqu'il existe certainement des centaines d'autres familles du fait qu'elles ignorent l'existence de ce comité, a encore ajouté ce porte-parole. «Aujourd'hui, en pleine capitale et dans l'Algérie de 2009 où on parle de réconciliation, de grands projets d'aide et d'insertion sociale en perspective, du projet de un million de logements à l'horizon 2014…, des familles entières vivent sur les trottoirs dans l'indifférence totale. Certains vivent dans de petites loges insalubres ou alors dans des baraques dépourvues de toutes conditions de vie décente, les écoliers sont les premiers à payer le prix, ayant dû renoncer à leurs études, des vieux retraités qui ont servi longtemps ce pays sont réduits à la situation de SDF. Pis encore, cela a influé négativement sur leur santé, beaucoup sont aujourd'hui dans un état dépressif, plusieurs tentatives de suicide sont signalées çà et là», déplore le conférencier. Dans la foulée, il s'interroge pour savoir pourquoi on continue à attribuer des logements sociaux à des cadres de la nation qui perçoivent un salaire pouvant aller jusqu'à 80 000 DA. Un avis que partage Nourredine Belmouhoub, membre de la Laddh qui a saisi cette occasion pour adresser un appel pressant au premier magistrat du pays : «A l'occasion de l'ouverture de l'année judiciaire, il est demandé de revoir les lois concernant cette politique d'expulsion tous azimuts pour mettre fin à ce drame social.» Les familles victimes d'expulsion, présentes à la rencontre, ont raconté chacune son cas. Naït Chaâlal Moussa témoigne : «J'ai été expulsé de mon logement situé au Télémly (Alger) (un fonds de commerce acheté à un ressortissant français en 1963, avec un appartement au 1er étage) sans aucune décision judiciaire. C'est un inspecteur divisionnaire des Douanes qui l'a accaparé illégalement. J'ai été surpris de voir mon logement mis sous scellés. On m'a pris toutes mes affaires et, du jour au lendemain, je me retrouve à la rue et mon appartement est loué à des personnes inconnues.» «Cela fait cinq mois que je vis dans la rue avec ma famille, alors que j'occupais mon logement depuis 1957», s'insurge l'un des représentants des familles expulsées de Birkhadem. Il s'agit, pour rappel, de sept familles habitant dans des logements de fonction appartenant au centre spécialisé de rééducation 1 et 2 de Birkhadem, ayant fait l'objet d'une décision d'expulsion sur injonction de la justice en faveur du ministère de la Solidarité nationale les 17 et 20 juin dernier.