Conjoncture n Crise financière, crise économique mondiale, crise climatique même, jamais les lignes de référence n'ont autant bougé pour se replier aux extrêmes. Il en est ainsi de tous les secteurs d'activité où nous assistons à une véritable implosion des règles traditionnelles de gestion. Celles du commerce n'ont évidemment pas été épargnées. Prenons un exemple très simple, celui des journaux. Tout le monde sait qu'un quotidien ne peut survivre que grâce à la manne publicitaire. Sans pub, un journal ne ferait pas long feu quelles que soient la qualité de ses articles de fond et la plume de ses journalistes. Et c'est le cercle infernal. L'annonceur ne mise que sur les journaux à fort tirage pour que sa publicité soit lue partout à travers le pays et pour qu'un quotidien ait cette capacité-là, il faut qu'il ait les reins solides, c'est-à-dire une solide rentrée publicitaire, et ainsi de suite. Pour faire croire aux lecteurs et aux annonceurs que la manne publicitaire ne tarit pas, de nombreux journaux bourrent dans leurs éditions des pages entières de publicité gratuite ou à moitié prix. De fil en aiguille, une nouvelle pratique commerciale a vu le jour en Europe, il y a vingt ans : la gratuité des journaux. Cette formule a le mérite de permettre de ratisser large, question lecteurs, puisque le produit est gratuit et qu'il suffit de se servir dans les kiosques, dans les gares de chemin de fer et dans les bureaux de poste. Par ces temps extrêmement difficiles, le plus vieux système d'échange du monde que l'on croyait enterré, refait surface avec beaucoup d'intérêt : le troc. Dans certains pays, il fait même tendance et les citoyens le découvrent de plus en plus. Il existe même des marchés spécialisés dans la brocante où les achats ne se font qu'à travers des échanges d'articles entre individus. On échange, par exemple, un tabouret Louis XV contre un abat-jour du début du siècle. L'argent ne circule pas, n'a pas cours. Initié en France, le commerce véritable n'a apparemment pas donné de résultat ou si peu, dans la mesure où des petits producteurs du fond de la brousse ont pu accéder aux marchés, se faire connaître et disparaître par la suite. La formule est, certes, généreuse mais reste encore au stade de laboratoire. Une chose est sûre, la précarité économique inspire bien des expériences.