Satisfaction n Là où les programmes politiques ont échoué, le ballon a réussi. Il a aussi réussi à rassembler tous les Algériens au-delà de leur région, de leur couleur politique ou de leur appartenance ethnique. Tout le monde est unanime et d'accord au moins sur un point : l'éclatante qualification de l'Algérie à la coupe du monde a, non seulement rapproché les Algériens entre eux, mais les a soudés comme un seul homme. Des millions de drapeaux ont été vendus et épuisés en quelques jours, il n'y avait pas un Algérien ou une algérienne qui n'avait pas son brassard ou son chapeau aux couleurs nationales, il n'y avait pas un immeuble qui n'ait été pavoisé par les occupants qui se sont souvent cotisés. Rappelez-vous ces jours de fête populaire et de big liesse et les images retransmises par la télévision. Elles donneraient la chair de poule. Là où les programmes politiques ont échoué, le ballon a réussi. Il a aussi réussi à rassembler tous les Algériens au-delà de leur région, de leur couleur politique ou de leur appartenance ethnique. Il n'y avait dans les rues d'Alger et de toutes les villes et villages d'Algérie ni chaoui, ni kabyle, ni mozabite, mais des Algériens, des citoyens à part entière, des Algériens heureux et fiers d'être Algériens. Ce n'était pas la victoire du MCO, du MCA ou de la JSK, c'était celle d'un peuple entier, uni, solidaire, aligné derrière une seule bannière, un seul fanion : les couleurs nationales. Jamais une formation ou un programme politique n'a drainé autant de foules même lorsque le défunt FIS emplissait les stades et roulait des mécaniques. Ce triomphe de l'Equipe nationale a cassé bien des tabous et remis au goût du jour ce que l'on croyait à jamais perdu : l'entraide nationale. Ce jour-là, il n'y avait dans les grandes artères des cités ni cadres, ni sous-fifres, ni riches, ni pauvres, ni jeunes, ni vieux, ni beaux, ni laids, ni femmes, ni hommes, ni voyous ni fils de famille, ni paysans, ni citadins : il n'y avait qu'un immense peuple ivre de bonheur, ivre de joie et surtout fier de son algérianité fier de son drapeau, fier de ses couleurs. Quelle belle leçon pour les apprentis sorciers et les politicards de profession qui ont fait de la division de ce peuple un fonds de commerce et dont certains sont allés jusqu'à le traiter de mineur et pire «de gens», entendez par là, qui n'ont rien de commun et rien à partager. Cet extraordinaire sursaut, cet incroyable déclic d'un peuple longtemps considéré comme en hibernation va recadrer bien des choses. Et la première de toutes est qu'il faudra désormais pour nos gouvernants de faire de la politique autrement. Tout un programme…