Résumé de la 109e partie n En apprenant la mort de leur fils Pierre, les parents Monnier sont désespérés. Il était leur fils unique et ils avaient mis en lui tous leurs espoirs. Si M. Monnier parvient à trouver l'apaisement, son épouse, elle, est inconsolable. Elle passe la plus grande partie de son temps dans la chambre du défunt qu'elle a gardée, telle qu'il l'a laissée, en partant à la guerre. Il y a son lit, qui garde encore les traces de son corps, ses vêtements, son bureau, son fauteuil, ses livres… Elle se roule sur le lit, embrasse l'oreiller, puis va s'asseoir sur le fauteuil… Les photos de Pierre sont également là : des photos d'enfant au regard malicieux, des photos d'adolescent rêveur et des photos de soldat au regard triste… Le père entre parfois dans la chambre. — Tu ne devrais pas rester là ! Elle secoue la tête. — C'est là où je peux le retrouver ! — Tu t'épuises ! — Au contraire, c'est là que je puise l'énergie qu'il me faut pour vivre ! Elle pleure beaucoup. Si au début, dans un mouvement de désespoir elle a cru perdre la foi, elle la retrouve vite. Oui, elle est persuadée de revoir un jour son fils, mais seulement au jour de la Résurrection, quand tous les morts paraîtront devant le Juge suprême. Elle est au courant des recherches spirites qui, en ces temps de guerre, avaient retrouvé leur prestige auprès du public. Pour beaucoup de gens, auxquels la guerre a enlevé un fils, un frère, un père ou un mari, c'est l'espoir de savoir que l'être aimé n'est pas tout à fait mort et qu'il survit, quelque part, hors de l'espace habituel… Mais Madame Monnier ne croyait pas trop à ce qu'elle considère comme des théories invérifiables. — Il y a eu beaucoup d'expériences, lui expliquent des amis — Je n'y crois pas trop, répond-elle. Un jour, alors qu'elle feuillette un album photos, elle entend une voix. — Maman… Elle sursaute. C'est la voix de Pierre. Elle croit rêver, mais la voix l'appelle de nouveau. — Maman, c'est moi ! Il n'y a pas de doute, c'est bien la voix de Pierre. Elle regarde autour d'elle mais il n'y a personne. elle s'écrie. — Pierre ! C'est bien toi ? Et la voix se fait entendre pour la troisième fois. — Mais oui, maman ! Ne crains rien, je suis vivant ! Madame Monnier se confiera plus tard à Mme Stuart-Roussel qui rédigera une biographie de Pierre Monnier : «Ce fut l'unique fois de ma vie que j'eus la perception physique de la voix de mon fils. Ce phénomène ne devait plus jamais se répéter. Nous restons cependant en communication très étroite… Pierre continuait de s'adresser à moi, mais d'une manière différente : j'entendais en quelque sorte par intuition. C'était comme une pensée qui émanait de l'extérieur pour jaillir en mon cœur. Ce phénomène, quoique comparable à celui de ma pensée, était cependant très différent et je sentais avec une absolue certitude que ces pensées n'étaient pas les miennes». (à suivre...)