Résumé de la 6e partie n Pour régner en maître sur Chicago, Al Capone décide d'éliminer Bugs Moran, le chef du gang adverse, et tout son état-major… Avec le massacre de la Saint-Valentin, il est tout de même allé un peu loin. L'émotion est énorme dans le pays et il se rend compte qu'une peine légère ne serait pas inutile pour calmer l'opinion. Il s'entend avec la police afin d'être arrêté pour port d'arme illégal et conclut également un arrangement avec le juge pour être condamné à un an de prison. Il n'accomplit que dix mois de sa peine, dans une cellule spécialement aménagée avec moquette, téléphone et meubles style... Nous sommes alors en 1930 et les autorités américaines commencent enfin à comprendre quelle aberration constitue la Prohibition. Il est probable que la loi soit prochainement abrogée, aussi Capone décide-t-il de se reconvertir : puisqu'il ne pourra plus vendre d'alcool, il vendra du lait ! En quelques mois, il contrôle entièrement ce nouveau marché, cassant les prix en employant des chauffeurs non syndiqués et enlevant ses principaux concurrents. Rien ne semble arrêter le plus grand malfaiteur du pays. Il est évident qu'il va survivre à la fin de la Prohibition, comme il a survécu à la grande crise de 1929. Après le krach boursier, les faillites se multipliaient dans tous les Etats-Unis, mais son empire du crime se portait à merveille. Il a même ouvert une soupe populaire, qui nourrissait cinq mille chômeurs par jour. Et pourtant, contrairement à toutes les apparences, sa fin est proche. Elle porte un nom : Eliot Ness, un policier qui possède une qualité inédite : l'honnêteté. Eliot Ness débarque à Chicago avec une brigade d'agents fédéraux tout aussi intègres que lui et qu'on ne va pas tarder à surnommer «les Incorruptibles». Immédiatement, il fait une chose incroyable : il arrête Al Capone ! Bien entendu, ce dernier tente de faire jouer ses appuis. Or, rien n'y fait : Eliot Ness reste sourd à toutes les pressions. Sa tâche n'est pourtant pas facile. Il n'arrive pas à le faire inculper pour meurtre, trafic d'alcool ou racket. Les gens ont bien trop peur, Ness ne trouve pas un seul témoin. Al Capone croit déjà pouvoir triompher, mais il se trompe. Il y a un domaine dans lequel il ne peut rien dissimuler : les impôts. Pendant des semaines, les enquêteurs comparent les revenus qu'il a déclarés avec les dépenses qu'il a faites, estimant ses maisons, ses appartements, ses voitures, ses meubles, sa vaisselle et même ses sous-vêtements. Ils en concluent qu'il a touché pour l'année 1929 des revenus nets de 10 350 654 dollars et 84 cents et qu'il doit aux impôts la somme de 215 080,48 dollars. Le 5 juin 1931, celui qui était coupable directement ou indirectement de dizaines de meurtres est condamné pour fraude fiscale à onze ans de prison et 80 000 dollars d'amende. Il purge la plus grande partie de sa peine dans la célèbre prison d'Alcatraz, en face de San Francisco. Atteint de syphilis, il est libéré pour raison de santé et meurt chez lui d'une crise cardiaque le 25 janvier 1947. Il venait juste de fêter ses quarante-huit ans. Quant à la Prohibition, elle aura vécu moins longtemps : du 17 janvier 1920 au 5 décembre 1933 . Pourtant, le bilan de cette loi qui devait «diminuer la délinquance» est impressionnant : deux mille cinq cents victimes par arme à feu durant cette période, dont deux mille civils (gangsters et passants) et cinq cents policiers. En outre, trente-cinq mille personnes sont mortes pour avoir bu des boissons frelatées, six cent mille citoyens ont été arrêtés, principalement des consommateurs, et deux cent cinquante mille étaient en détention lorsque la Prohibition a été supprimée. Parmi les gangsters tués, sept cent trois l'ont été dans la ville de Chicago, dont tous les auteurs du massacre de la Saint-Valentin, éliminés les uns après les autres pour des raisons diverses. Al Capone est l'un des rares à être mort dans son lit.