Et revoilà, la marée verte! Le coup de sifflet final de l'arbitre Eddy Maillet n'avait pas fini de retentir dans la nuit angolaise que des centaines, bientôt des milliers de supporters sont dans la rue à Constantine, à Sétif, à Batna, à Jijel, à Annaba et partout ailleurs à travers l'Est du pays. Ce quart de finale de la coupe d'Afrique des nations de football entre l'équipe nationale algérienne et les « éléphants » ivoiriens, remporté par l'EN au bout d'un suspense insoutenable (3 û 2), installe confortablement û et sans doute pour longtemps û les hommes de Rabah Saâdane dans la cour des grands. C'est du moins l'avis du jeune Ramzy Boudemagh, un « taxieur » de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, littéralement « en transes » à la suite de cette qualification historique des « verts » pour la demi-finale de la CAN. « Ivre » de bonheur, Ramzy ouvre toutes grandes les portières de sa minuscule « Atos » pour y engouffrer (par quel miracle?) une bonne de dizaine de supporters pour, dit-il, « descendre à Constantine et faire la fête ». La fête en question, donne à la cité du Vieux-Rocher des airs de ville en liesse. Klaxons, hurlements, youyous, drapeaux, toute la panoplie des nuits d'allégresse est de sortie, que ce soit au centre de la ville des ponts, à Sidi-Mabrouk, à la cité Daksi, à Saint-Jean, à Boussouf, à Massinissa, à Djebel Ouahch ou encore à Aouinet El Foul, la joie est à son comble. Embrassades, danses, chants et larmes de joie saluent l'extraordinaire performance de « Magic » Bougherra et de ses copains. Plus à l'Est, Sétif, la capitale des Hauts plateaux vit la même ferveur. La plantureuse naïade surmontant Ain Fouara, élégamment drapée des couleurs nationales, semble esquisser un sourire à la vue des dizaines de jeunes qui chantent jusqu'à l'extinction de voix leur héros. Tout le long de l'avenue du 8-Mai 1945, mais aussi dans les quartiers populaires de « Tandja », de « Tlidjen » ou de « Bel-Air », ils sont des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants à donner libre cours à une intense jubilation. Les mêmes scènes sont observées à Jijel où la place Barberousse est noire de monde, à Annaba où le Cours de la révolution est pris d'assaut, à Skikda, à El Tarf, à Biskra ou à Bordj Bou Arreridj. Dans toutes les villes et villages de l'Est du pays, l'exploit du valeureux Chaouchi et de ses camarades est fêté à sa juste dimension. Le « V » de la victoire brandi par Ramzy, le jeune « taxieur » constantinois, semble, pendant ce temps, signifier que l'équipe nationale n'a sans doute pas fini de faire parler d'elle au cours de cette 27e édition de la CAN.