Ecriture n L'Amante est une nouvelle publication des éditions Chihab. C'est un roman écrit par Rachid Mokhtari. Le roman s'étale dans une écriture conjuguant le fantastique et l'historique. Il est l'imbrication de plusieurs situations, un enchaînement de paroles et d'histoires, de guerre et d'amour, le tout se faisant dans un mélange de contes et de récits. Le livre se présente comme un métier à tisser, où se font et défont les destins et où se tissent diverses histoires les unes proches des autres. L'Amante est l'histoire d'une vie, d'une seule vie, mais de plusieurs expériences personnelles, d'itinéraires qui se croisent et s'entrecroisent, de destinées qui s'échouent sur les rives de l'existence humaine. Un roman en fait qui se construit sur la base de ces voix multiples qui le peuplent et s'y font entendre – même de l'au-delà. A travers ces voix plurielles, voire ces tissages parallèles, l'auteur raconte un peuple, son histoire et ses traditions, ses tourments et ses espoirs, ses rêves et ses déceptions, les affres de l'exil comme ceux de la colonisation. Le tout est dit dans une écriture qui restitue la culture populaire et qui la transforme en une dynamique créatrice. Ainsi, l'auteur, Rachid Mokhtari, trace une piste nouvelle de l'écriture, écriture faisant appel à l'histoire et au mythe – les mythes constituent d'ailleurs l'un des principaux référents du roman. Ils sont les éléments fondateurs de son écriture qui, elle, se veut une réflexion sur la manière de construire l'imaginaire littéraire sur des symboles et des images, c'est-à-dire sur les croyances ancestrales qui nourrissent l'espace romanesque et fécondent son écriture – elle aussi se transforme en un mythe en soi. Ainsi, le roman se nourrit des légendes et des rites ancestraux, il se construit autour et sur le patrimoine immatériel. Il est ancré dans cette oralité, véhicule de légendes et de contes, donc de l'identité et de la mémoire collective. Et c'est sur ce principe – le même utilisé dans la construction de mythes – que le roman est mis en espace et ses personnages en situation. Le roman devient alors un mythe en soi. On n'est plus dans l'historique ou l'événementiel, mais plutôt dans le rêve et l'imaginaire, dans un univers que l'auteur nous fait découvrir dans sa beauté et sa poésie. L'auteur accorde dans son roman plus d'importance à l'aspect esthétique qu'au contenu, car, selon lui, «l'histoire compte moins que la forme», explique Rachid Mokhtari. Il y a effectivement un intérêt particulier pour la mise en forme des mythes, et cela par le travail de l'écriture littéraire. L'on est dans la poétique de l'écriture. Cela revient à dire que l'on est dans l'intimité de l'écriture elle-même. L'écriture par laquelle se dévoile l'auteur et qui contribue à la mise en forme de la mémoire, est saisissante, franche et immédiate, elle est une autre manière d'appréhender la réalité, de saisir et d'interroger l'Histoire. L'Amante rénove et nourrit l'imaginaire comme la sensibilité littéraire algérienne, il ouvre une piste nouvelle – si ce ne sont pas plusieurs – à la composition et à l'écriture, neuve et fraîche. C'est un roman moderne où les mythes tiennent une place privilégiée. Survivances de l'oralité, ces référents culturels et ces mythes sont bien plus que cela, ils sont, selon l'auteur, «des éléments constitutifs de notre perception du monde moderne».