Sidi Musa a donc décidé de renvoyer les fils de Sidi Ammar Leghrib chez eux : ils n'ont plus rien à apprendre chez lui, puisqu'ils ont fait preuve de leurs pouvoirs de saint. Le saint, suivi de trois autres walis, accompagne les deux garçons. Or, à Tinakram, Sidi Ammar Leghrib, qui possède le don de clairvoyance, a la vision du saint et de ses compagnons ramenant ses fils. Il va aussitôt à son jardin et trouve son domestique en train de féconder les palmiers. — Que fais-tu ? lui demande-t-il. — Je féconde les palmiers ! répond le domestique. Sidi Ammar lui dit alors : — Mes fils rentrent. Sidi Musa et trois autres walis les accompagnent. Ce sont des hôtes de choix ! Il faudra leur offrir des dattes ! Le domestique répond : — Nous en prélèverons dans le magasin. La récolte de l'année dernière a été bonne, nous avons beaucoup de dattes ! Mais Sidi Ammar Leghrib secoue la tête. — Non, il faut des dattes molles et fraîches pour des invités de marque ! le domestique s'exclame : — Mais ce n'est pas la saison des dattes fraîches ! Le saint montre un panier à son serviteur et lui dit, sévèrement : — Débrouille-toi, je veux que tu le remplisses et tout de suite ! Le pauvre domestique s'abstient de répondre à l'injonction de son maître.