Résumé de la 16e partie n Bob pense que sa sœur Joan pouvait sortir les pierres du pays. Il les mettrait dans un paquet d'aspect innocent… Il s'élança dans la rue, indifférent à la chaleur de la mi-journée. Tout paraissait si normal. Rien ne transparaissait en surface. Ce n'était qu'au palais que l'on prenait conscience du feu qui couvait, des espions, des rumeurs. L'armée... tout dépendait de l'armée : qui était loyal ? qui trahissait ? On tenterait certainement un coup d'Etat. Mais réussirait-il, ou serait-ce un échec ? Bob fronçait les sourcils en pénétrant dans le plus grand hôtel de Ramat. II portait, modestement, le nom de Ritz Savoy et s'honorait d'une façade d'un modernisme criant. Lors de son ouverture, trois ans auparavant, il avait fait florès grâce à un directeur suisse, un chef cuisinier viennois et un maître d'hôtel italien. Tout avait été merveilleux. Mais le maître-queux était parti le premier, suivi du Suisse. L'Italien venait à son tour de rendre son tablier. La cuisine restait ambitieuse, mais mauvaise, le service était devenu exécrable, et l'essentiel du coûteux système de plomberie ne fonctionnait plus. L'employé de la réception connaissait bien Bob et lui adressa un large sourire : — Bonjour monsieur le squadron leader. Vous cherchez votre sœur ? Elle est partie pique-niquer, avec la demoiselle. — Pique-niquer ? Bob en demeura pantois : comme si elle n'aurait pas pu choisir un autre moment pour organiser un pique-nique ! — Oui, avec Mr et Mrs Hurst, de la compagnie pétrolière, précisa le réceptionniste qui, comme tout le monde à Ramat, savait toujours tout. Ils sont allés au barrage de Kalat Diwan. Bob jura à mi-voix. Joan ne reviendrait pas avant des heures. — Je monte dans sa chambre, annonça-t-il pour que l'employé lui en donne la clef. Il déverrouilla la porte et entra. La chambre, grande, à deux lits, se trouvait dans son habituel état de confusion. Joan n'avait rien d'une femme ordonnée. Des clubs de golf reposaient en travers d'un fauteuil, tandis que des raquettes de tennis avaient été jetées sur un lit. Ici ou là gisaient des vêtements. La table était jonchée de pellicules de photo, de livres au format de poche et de tout un bric-à-brac d'arti-sanat indigène, acheté dans le sud du sultanat mais essentiellement fabriqué à Birmingham et au Japon. Bob lança un coup d'œil circulaire aux valises et aux sacs de voyage. II lui fallait résoudre un problème : il n'aurait pas la possibilité de revoir Joan avant de décoller avec Ali. Il n'avait matériellement pas le temps d'aller au barrage et d'en revenir. Il pouvait empaqueter les pierres et lui laisser le paquet avec un message — mais, immédiatement, il secoua la tête. Il savait pertinemment qu'il était presque toujours filé. Sans doute l'avait-on suivi du palais au café, et du café à l'hôtel. Il n'avait repéré personne —, mais l'adversaire, il ne l'ignorait pas, connaissait son métier. (à suivre...)