Regard n La mise en scène fait fi de l'imaginaire fantasmagorique construit autour de Shahrazad, personnage légendaire mais stéréotypé de la femme orientale. Shahrazad, lallat n'ssa est l'intitulé de la pièce théâtrale qui sera présentée demain, lundi, au Théâtre national, et ce, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. L'originalité de cette pièce est qu'elle est produite par le Théâtre national algérien et mise en scène par la Tunisienne Dalila Meftahi. Quant à la distribution, elle rassemble la comédienne tunisienne Houda Ben Kamla dans le rôle de la conteuse Shahrazad et le comédien algérien Halim Zraïbi dans le rôle du sultan Chahrayar. «L'idée de la pièce est de moi», a déclaré la metteur en scène, hier, lors d'un point de presse. Et d'ajouter : «Mais l'écriture est de Brahim Ben Omar». Interrogée sur la raison qui l'a motivée à mettre en scène la pièce, Dalila Meftahi dira : «Je voulais simplement dire que toute femme, quelle qu'elle soit, est Shahrazad.» Et de reprendre : «Pour moi, la véritable Shahrazad est cette femme qui se lève à 6 heures du matin et qui prend le bus pour aller travailler au risque de se faire agresser. Shahrazad est cette mère de famille qui chausse des claquettes en plastique et trime sans relâche pour le bien-être de sa famille. La metteur en scène souligne, en outre, que l'adaptation du personnage de Shahrazad n'est pas fortuite. «Par cette adaptation, je voulais rompre avec la tradition relative à la représentation du personnage de Shahrazad», dit-elle. Et de poursuivre : «Je voulais casser la vision masculine portée sur le personnage de Shahrazad, à savoir une femme idyllique des Mille et Une Nuits avec de longs cheveux soyeux et des yeux en amande qui fait fantasmer les hommes.» Ainsi, Dalila Meftahi, pour qui Shahrazad est le symbole de la femme combattante, fait fi de l'imaginaire fantasmagorique – et par moments érotique – construit de toute pièce autour de Shahrazad, personnage légendaire mais stéréotypé de la femme notamment orientale. Elle s'emploie, par une mise en scène manifestement actuelle, largement objective et authentiquement réaliste, à donner une image franche et sincère de la femme, loin des clichés fantasmatiques et réducteurs. Dalila Meftahi, pour qui le message se transmet dans une pièce par l'émotion, une charge que les comédiens et comédiennes portent et rendent perceptible à travers leur jeu, fait savoir que «la pièce sera jouée dans un langage que le public peut comprendre. Elle ne sera pas jouée respectivement dans un dialecte puis dans un autre. J'ai voulu que la pièce soit jouée dans un langage commun à tous, c'est-à-dire celui du théâtre», dit-elle. Et d'expliquer : «Le langage ne vient pas du texte, mais plutôt de la scène». Cela revient à dire que la scène impose aux protagonistes la conduite à y tenir et établit les règles du jeu.