La véritable richesse, disait Abu Madyan, est celle des cœurs. Mais il tenait à avertir ceux qui voulaient être de ses disciples que la voie qui y conduit est étroite et semée d'embûches. Il répétait souvent ces sentences : «Celui qui connaît Dieu ne cesse de l'invoquer, aussi bien à l'état de veille que dans le sommeil, celui qui a goûté à la douceur de la prière ne peut plus trouver le sommeil !» Si les miracles sont recherchés par le peuple, qui y voit une manifestation de la puissance de Dieu et de la confiance qu'il a mise dans son saint, pour les juristes, les foqqahas, formés à l'école rationaliste, c'est une déviation dangereuse, voire une hérésie. C'est pourquoi Abu Madyan est mal vu par les clercs. Il faut dire aussi qu'il ne les pas ménagés dans ses cours et ses prêches. Souvent, il les critique, soutenant que l'enseignement que ces hommes dispensent est trop terre à terre est qu'il ne faut pas tenir à la lettre mais à l'esprit et qu'il faut toujours pousser loin l'exégèse du texte sacré, un texte aux significations inépuisables ! Certains vont même à Marrakech et le dénoncent au calife almohade Abu Yusef Ya'qub. «Cet homme, lui disent-ils, est un hérétique, il ne cesse d'augmenter le nombre de ses disciples ! il finira par provoquer des émeutes !»