Si les anges assistaient aux leçons de celui qu'on appelle désormais Sidi el-Houari, des djinns, selon la tradition, s'introduisaient aussi chez lui. Ceux qui étaient croyants – les bons esprits – l'écoutaient avec ravissement, les autres – les mauvais esprits – cherchaient à le perturber dans ses dévotions, surtout la nuit, quand il lisait le Coran. Ils se mettaient à faire du bruit, à pousser des cris ou alors à chanter. Sidi El-Houari récitait alors la formule propitiatoire bien connu : «aou'dou bi Rabbi min a-chitan errajim…»( Je cherche refuge auprès du Seigneur contre Satan, le lapidé…) et les bruits disparaissaient. On rapporte qu'une nuit, il a entendu frapper à la porte. Il est allé ouvrir et il a trouvé une chienne, tenant dans la gueule un morceau de papier. Il déroule le papier et y trouve inscrites plusieurs questions, des problèmes compliqués qu'on lui demandait de résoudre. Des problèmes qui, s'il s'y intéresse, risque surtout de le fourvoyer et de le plonger dans le doute. «Maudit, dit-il à la chienne, tu cherches à me perdre !» Il a compris, l'animal est un djinn venu pour le troubler. «Au nom de Dieu, dit le saint homme, je t'ordonne de sortir de chez moi !» La chienne baisse aussitôt la tête et s'en va, penaude : le djinn, n'a pas insisté.