La tante a parlé de Choudhi sur un ton sarcastique mais Ibn Ma'ra' est enthousiaste. Il s'écrie : «Ma tante, il porte les signes de la sainteté…Il a vendu ses bonbons et tu sais ce qu'il a fait de l'argent gagné ? Il l'a distribué aux pauvres ! Il n'a gardé pour lui juste de quoi s'acheter un pain !» La tante, loin de partager l'enthousiasme de son neveu, répond : «Il danse et chante dans les rues, il amuse les enfants qui, d'ailleurs, se moquent de lui, l'injurient et lui jettent des pierres !» Mais le théologien ne partage pas cet avis. «Les enfants ont l'inconscience de leur âge, l'homme, lui, est un saint !» La tante soupire : «Pense ce que tu veux, mon fils, cet homme est vraiment étrange !». Ibn Ma'r'a la reprend : «Cet homme est un saint !» Elle hausse les épaules : «Un saint ! Depuis quand les saints font-ils les pitres dans les rues, amusant les enfants, se faisant injurier et provoquant l'hilarité ? Tu te trompes, mon petit. Un saint se voue à la prière et aux invocations, il fait le bien autour de lui…» Ibn Ma'r'a lui explique : «Lui aussi fait le bien, aux enfants d'abord qu'il gâte et aux pauvres qu'il aide… Quant à la dévotion, il doit s'y adonner, le soir, quand il est seul !» La tante secoue la tête : «Lui, Lhalwi, un saint ? — Parfaitement ma tante, répond Ibn Ma'r'a, un saint !