Résumé de la 1re partie Traversant le désert, Sidi Boudjemlil arrive à Touggourt. Il demande l?hospitalité pour la nuit, mais personne ne veut le recevoir. L?allusion est à peine voilée : ces hommes, qui lui refusent l?hospitalité, l?envoient vers une prostituée. Le saint est outré car, jamais, on ne lui a fait un tel affront. Mais, se dit-il également, le c?ur d?une prostituée est peut-être moins dur que celui de ces hommes. Il va donc à l?endroit qu?on lui a indiqué, appelé aujourd?hui Nezla, et frappe à la porte. Une jeune femme d?une grande beauté lui ouvre. ? Tu es bien la Behadja dont on m?a parlé ? ? Oui, lui dit-elle, tu n?es pas d?ici. On a dû te dire beaucoup de mal de moi ! Elle paraît si triste que le saint homme a pitié d?elle. ? Je veux juste te demander l?hospitalité pour cette nuit, je n?ai pas où aller ! ? Ma maison est la tienne, dit la jeune femme en lui ouvrant grand la porte de sa demeure. C?est une maison bien pauvre, avec une unique pièce, minuscule, mais le saint homme n?a pas besoin de beaucoup de place pour dormir. Il étend son burnous dans un coin et se recroqueville sur lui-même. A la lumière d?une lampe posée sur une tablette en toub, il voit la jeune femme s?affairer. Bientôt, elle pose devant lui une écuelle et une cuiller et elle l?invite à manger. ? C?est tout ce que je possède, lui dit-elle, mais je te l?offre de bon c?ur ! Il mange, s?essuie la bouche puis dit : ? Behadja, pourquoi ne reviens-tu pas dans le chemin de Dieu ? Pourquoi ne renonces-tu pas à ce que tu fais ? ? Je veux bien, dit la jeune femme, mais je n?ai pas d?autre moyen pour assurer ma subsistance ! ? Behadja, Dieu pourvoit aux besoins de Ses créatures, il suffit de croire et d?avoir confiance en Lui ! Il ramène son burnous sur lui et s?endort. Au matin, quand il se réveille, la jeune femme lui donne encore à manger. Il se restaure, puis s?apprête à partir. Il lève alors les mains au ciel et fait cette invocation : «Ô Dieu, bénis cette femme que l?on dit de mauvaise vie, mais qui est Ta fidèle servante ! Fais-la revenir dans le droit chemin ! Fasse que sa maison grandisse et se remplisse de richesses ! Qu?elle vive heureuse et comblée.» Puis il se tourne vers le village et dit d?une voix sévère : «Maudis les habitants de ce village qui refusent l?hospitalité au voyageur de passage ! Fasse que leur maison tombe en ruine et que leurs palmiers se dessèchent. Que d?autres hommes au c?ur plus tendre prennent leur place !» Et il s?en va. Ses invocations ne vont pas tarder à se réaliser. Des rivalités éclatent entre les habitants du village, qui s?entre-tuent. Ceux qui restent vont partir, abandonnant le village qui finit par tomber en ruines. Behadja, elle, va prospérer : sa maison, qu?elle reconstruit, devient le centre de la nouvelle ville de Touggourt. C?est là, dans le quartier Nezla, à l?endroit même où il y avait, jadis, la baraque de la femme aux m?urs légères, qu?a été construite, en 1720, par l?émir Brahim ben Mohammed, la grande mosquée de Touggourt.