Résumé de la 3e partie n La femme nue parvient à s'échapper de la chambre où on l'avait renfermée. Elle retourne auprès des ours... Et ils ont été attaqués par des brigands. Au cours de cette attaque, le mari a été tué. Rendue folle de douleur, sa femme s'est enfuie dans la montagne. Et voilà ce qu'il en reste au bout de deux ans : une folle complètement nue qui vit avec les ours. Pour en savoir plus il faut que le village attende le printemps. — La femme nue ! Elle est toujours là-haut. Toujours aussi nue, et toujours en train de manger des racines au milieu des ours. Mais depuis qu'on l'a attrapée, elle se méfie même quand on lui offre du lait, du pain et du fromage. — Oui, mais elle devient de plus en plus intrépide. Elle s'est approchée d'une ferme et elle a volé des poules pour les manger crues. — On l'a même vue entrer de nuit dans une bergerie et faire sortir les moutons pour qu'un ourson qui l'accompagnait puisse les dévorer tout à son aise. Ça ne va plus du tout ! — Chez les Cazaubon, elle a fait tarir la source ! C'est une sorcière qui n'apportera que du malheur dans le pays ! Le juge de paix du canton, qui n'a guère l'occasion de se mettre en avant, décide de faire parler de lui : — Dans l'intérêt des populations il faut récupérer la pauvre créature. Je vais demander l'aide de la troupe pour se saisir de la femme sauvage. Sitôt dit, sitôt fait : quelques jours plus tard, une cinquantaine d'hommes, armés comme de bien entendu, prennent la direction de la montagne pour s'emparer de la femme aux ours. Coincée par plusieurs escouades convergentes, elle est immobilisée et ramenée vers les bienfaits de la civilisation. Une folle qui erre en altitude, ça fait désordre pour le département. Une fois la femme aux ours capturée, elle devient encombrante pour le juge de paix. Il l'expédie à Foix un billet de sa plus belle plume où il explique que cette vagabonde dangereuse doit de toute urgence être confiée à l'hospice départemental de Vicdessos. Ce qui fut fait. C'était sans compter avec la soif de liberté de la femme qui vivait nue. Elle s'échappe de l'hospice, mais loin du pic Montcalm, loin de ses ours qui la protègent et la réchauffent, elle est perdue. On la retrouve errant dans les rues de Foix. Du coup, pour éviter toute nouvelle évasion, on l'enferme dans la prison de la ville. Comme une voleuse ou une criminelle. Or, à Foix comme à Vicdessos, l'autorité est embarrassée par la malheureuse. Le préfet écrit en haut lieu pour que la femme de la montagne soit récupérée par Toulouse et internée dans un établissement spécialisé dans le traitement des aliénés. On sait ce que cela signifie à l'époque : douches glacées, promiscuité, chaînes aux chevilles. Aucun des aliénistes toulousains ne semble intéressé par le cas de cette femme sauvage. Peut-être est-elle trop âgée pour qu'on ait l'espoir de la rééduquer. Ou bien craint-on de soulever un lièvre politiquement délicat. Qui sait qui se cache sous l'anonymat de cette ex-émigrée? Peut-être possède-t-elle une famille influente dont les réactions pourraient être dangereusement imprévisibles ? (à suivre...)