Constat n La danse est considérée comme un art mineur, d'aucune importance, voire dépourvu de valeur artistique. El Haïa (l'Allure) est une association artistique qui, à travers les spectacles qu'elle présente, s'emploie à promouvoir le jeu corporel, c'est-à-dire l'art de la chorégraphie. Elle est dirigée par Nouara Idami, une artiste ayant fait l'école de danse en URSS. Celle-ci lui a permis, une fois de retour au pays, de s'assigner comme mission de former et d'encadrer de jeunes talents. S'exprimant sur l'art de la chorégraphie, Nouara Idami regrette que «le rapport entre l'ambition et la motivation soit limité», précisant que cette forme d'expression artistique reste inconsidérée. Elle relève toutefois que l'art de la chorégraphie commence à être considéré comme tel. «On commence à donner de l'importance à cet art. Les instances concernées – à l'instar du ministère de la Culture – commencent à prendre conscience du rôle important de l'art chorégraphique», dit-elle, avant d'ajouter : «ça commence à venir. Pour preuve, le financement des projets ou encore le Salon national de la danse», clôturé samedi dernier. Nouara Idami indique que la Journée internationale de la danse et de la chorégraphie est célébrée depuis peu, le 29 avril de chaque année. «Cela démontre indéniablement l'intérêt affiché et porté par les autorités quant à la mise en place d'une dynamique visant à promouvoir la danse.» Mais le chemin est long et semé d'obstacles : «Les contraintes sont nombreuses. Il y a d'abord les moyens qui font défaut à la création. Il y a également l'absence d'infrastructures permettant aux artistes de développer leur art et de progresser dans leurs compétences. On n'a pas de lieu permanent où répéter. Quand on a un spectacle à monter, c'est vraiment un casse-tête pour trouver un espace pour répéter.» Ainsi, le peu de moyens mis à la disposition des artistes danseurs, à savoir le manque de financement, ainsi que les contraintes rencontrées lors des répétitions, représentent une situation déplorable risquant de freiner la création chez ces artistes, les poussant à se consacrer uniquement au folklore. Car cela ne nécessite pas autant de moyens qu'une création contemporaine. «Il y a une jeunesse qui aime la danse et qui en fait, mais malheureusement, elle n'est pas encadrée. Il y a des potentialités, mais elles ne sont pas canalisées et développées. Il faut qu'il y ait une école offrant à ces jeunes la possibilité de s'épanouir. L'Algérie mérite d'avoir une école de danse.» Ainsi, pour développer et vulgariser l'art de la chorégraphie, c'est-à-dire la danse contemporaine, Nouara Idami plaide pour l'ouverture d'une école nationale de danse en vue d'encadrer les danseurs autodidactes, de former de futurs chorégraphes et des danseurs professionnels. Elle plaide aussi pour la mise en place d'ateliers de danse pour l'initiation à l'art chorégraphique.