Résumé de la 3e partie n Durant les accrochages Abe vole sans interruption, jamais aucun des garçons chargés de le porter n'a été tué ni même blessé… Désormais quelques balles sudistes sont dirigées vers lui. Les chasseurs d'écureuils se transforment en chasseurs d'aigle. Comme un criminel ou au moins comme un combattant redouté dont la tête est mise à prix : 100 dollars en or ! Le général sudiste Sterling Price avoue avec une certaine amertume, un soir au bivouac : — Je préférerais capturer ou même tuer cet aigle plutôt qu'une brigade complète de yankees. Le capturer ou le tuer ? Si les sudistes le capturaient, qui sait - puisque tout le monde le connaît par son nom -, Abe pourrait changer de camp. Et changer l'ambiance sur le champ de bataille. Quel plaisir si les yankees pouvaient voir leur Abe les trahir et encourager les fils du Sud ! Mais ces beaux projets restent théoriques. Pour l'instant Abe reste dans son camp : le 8e Régiment du Wisconsin. Avec les mois, les aptitudes d'Abe se font plus étonnantes encore. Un jour de grande parade, au moment où la fanfare yankee entonne le fameux Yankee Doodle, on voit Abe s'agiter en cadence sur l'épaule de son porteur du moment. Il se met à trompeter en sourdine. La nouvelle se répand de bouche à oreille dans les rangs des uniformes bleus figés au garde-à-vous : — Abe essaie de chanter le Yankee Doodle. Nouveau sujet de conversation et d'admiration générale. Après le Yankee Doodle, on surprend Abe à s'essayer sur un autre air de marche : John Brown's Body (Le corps de John Brown) qui célèbre les mérites du fameux abolitionniste révolté par les traitements réservés à certains esclaves du Sud. Abe s'intéresse à John Brown. Et il continuera de le faire pendant les cinq ans que va durer le conflit. Il fait la connaissance d'un type d'individus nouveau : les «contrebands». Il n'y en avait pas au Wisconsin, ce sont tout simplement des esclaves enfuis des plantations du Sud et qui sont venus chercher refuge auprès des troupes de l'Union. Les «contrebands» sont si heureux d'être libres qu'ils sont toujours de joyeuse humeur. Cet aigle qui bat la mesure sur Yankee Doodle et sur John Brown's Body les amuse et ils essaient de l'intéresser à d'autres airs du Sud. Mais Abe ne semble pas sensible à ce nouveau répertoire et les pauvres «contrebands» en sont quittes pour quelques coups de bec et quelques estafilades laissées par ses griffes puissantes. Ou alors c'est qu'Abe n'apprécie que les militaires. Vient enfin le moment où, à force de batailles sanglantes, les deux camps décident qu'il faut cesser la lutte fratricide. Le général Lee et le général Grant font la paix. Il est temps. Après la guerre, vient la paix et toutes les blessures du pays à panser et qui imposent un nouveau mode de vie. Que va devenir notre mascotte du 8eRégiment du Wisconsin ? On imagine mal qu'il puisse se contenter de promenades paisibles ou d'une vie encagée. Abe a besoin du bruit, du pas des soldats, des fanfares… — Il faut récolter des fonds pour aider tous les vétérans blessés et infirmes laissés par la guerre. — Il faut donc organiser une tournée pour ramasser des dons ! — Et si l'on mobilisait Abe ? Tout le Nord connaît son nom. (à suivre...)