Voyage n La caravane prend le départ, chargée de denrées que l'on se propose de vendre ou de troquer contre d'autres marchandises. Ce conte ou plutôt cette légende, nous vient de notre vaste Sahara. Il y a de cela bien longtemps, on voyageait beaucoup dans le désert, en suivant les voies caravanières qui reliaient les différentes villes et oasis. Les gens emportaient des dattes, du lagmi (une boisson fermentée à base de sève de palmier), des vêtements de laine, des moutons, des chameaux et du sel. Ils revenaient, chargés de cuir, d'ivoire, d'or, de selles, de plumes d'autruche, d'encens et d'alun. Des produits rares et surtout coûteux qu'on allait même vendre dans les villes du nord. C'est ainsi qu'un jeune garçon – appelons-le Merzouk –, voyageait dans une caravane en compagnie de son père, de son oncle paternel et de son cousin, un peu plus âgé que lui. C'est la première fois qu'il fait un aussi long voyage et il est à la fois content et excité. Sa mère est également contente que son fils voyage –, c'est la preuve qu'il a atteint l'âge de raison – mais elle est inquiète. Elle prend son père à part et lui dit : — Fais attention au petit, il est encore jeune ! Le père sourit. — Merzouk est maintenant grand, il peut supporter un long voyage ! — Il y a les serpents, les scorpions… — Il apprendra à les éviter… La mère fait des recommandations à son fils et lui remet un petit nouet. — Qu'est-ce que c'est ? — C'est un talisman… il te protégera contre les scorpions ! Elle lui remet aussi une amulette. — C'est pour te protéger contre les djinns… Les serpents et les djinns : voilà, selon cette mère, les dangers qui guettent son fils… La caravane prend le départ, chargée des denrées que l'on se propose de vendre ou de troquer contre d'autres marchandises. Le voyage, qui dure plusieurs jours, se passe sans incident. On voyage le jour et, dès la tombée de la nuit, on s'arrête pour bivouaquer. Les premiers jours, Merzouk s'épuise vite et son père doit le faire monter sur un chameau, puis, il s'habitue et il va, comme les autres. L' arrivée se fait à la date prévue et les membres de la caravane commencent à vendre leurs marchandises. Comme d'habitude les produits, réputés dans le désert, ont attiré la foule. On s'arrachait les dattes, le sel et surtout le lagmi. Les gens apprécient beaucoup cette boisson forte ! Ils la produisent chez eux, mais en petite quantité et surtout de bien moindre qualité. Merzouk et ses parents ont donc vendu leurs denrées. Son père et son oncle sont très contents et ils l'ont chargé, ainsi que son cousin de faire le tour du marché pour chercher les produits intéressants à acheter. Les produits ne manquent pas : tu veux des selles et du cuir ouvragé, il y en avait, en grande quantité et à bon prix…L'ivoire, venu du pays des Noirs, abondait…Il y avait aussi de l'or et de l'argent ! — Nous allons acheter un peu de toutes ces choses, a dit le père à l'oncle, nous en tirerons un bon prix chez nous ! — Pressons-nous de faire nos achats et de rentrer chez nous ! a répondu l'oncle. (à suivre...)