Depuis hier soir, les quartiers de Oued-Koriche, Diar El-Kef, Fontaine-Fraîche... ont connu une animation inhabituelle avec le carrousel de camions et d'autres moyens mobilisés pour le relogement de centaines de familles vivant jusqu'ici dans des bidonvilles. Cette opération vise l'éradication de l'habitat précaire à travers toute la wilaya d'Alger. Ce sont au total 511 familles de ces trois zones qui ont quitté leurs vieilles baraques, aujourd'hui, à destination d'appartements plus décents. Cette opération qui concerne 316 familles de Diar-El-Kef et 195 de Fontaîne Fraîche a débuté, hier, en fin de journée. Elle s'inscrit dans le cadre du programme de l'éradication des bidonvilles et des constructions précaires à Alger. Dans ces deux sites connus pour être «invivables», les familles bénéficiaires se sont affairées à préparer «leurs bagages» pour leur nouvelle destination. «Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Nous n'attendons que le moment de partir», nous confie une maman. Ce matin à 9 heures. Le lieu n'est plus que décombre, le tout étant tombé sous l'effet des engins. Pour mener à bien cette huitième opération du genre quelque 2 000 ouvriers manutentionnaires, 1 900 bus et 100 bus pour le transport des familles sont engagés par les services concernés. L'intégralité de l'opération s'est faite sous le regard des services de sécurité, de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale, fortement déployées pour garantir la sécurité de l'opération. Fait à relever : les bénéficiaires que nous avons approchés ignoraient leur prochaine adresse. «Nous allons rejoindre les autres bénéficiaires au stade du 5-Juillet. Ce n'est qu'une fois sur les lieux que nous saurons notre destination», nous dit une dame, en pliant ses derniers bagages. Trop occupés par le départ, ils ignorent que tout un dispositif est mis en place au quartier des 1 680-Logements à Birtouta pour les recevoir. Les premières familles à avoir quitté leurs maisons ont dû passer plusieurs heures en attendant d'être instruites sur leur destination mais une bénéficiaire nous lance : «Nous partons c'est surtout ça ce que nous voulons.» Cependant, à côté de ce départ tant attendu d'autres familles habitant à proximité des bidonvilles de Fontaine-Fraîche sont surprises par des engins engagés pour détruire leurs maisons. Elles sont au nombre de trois et disent habiter ici légalement depuis les années 70. «Nous avons des actes de propriété et nous habitons des maisons construites par l'Etat du temps de Boumediene. Nous n'allons pas sortir d'ici même sous la menace des engins», déclare M. Bouloufa, un ancien cadre de l'Etat. «S'ils sont besoin de cette assiette, ils n'ont qu'à nous rembourser notre bien.»