l Combien de familles algériennes se permettent-elles aujourd'hui d'avoir dans leur assiette de la crevette, de la dorade ou même de la sardine ? Elles ne sont pas bien nombreuses, il faut en convenir. Cette situation pourrait pourtant bien changer si le groupe interministériel installé début juillet par les ministères du Commerce et de la Pêche atteignait les objectifs assignés. Les prix du poisson avec ses différentes variétés (dorade, sardine et crevette) seront-ils revus à la baisse ? Un Algérien à faible revenu pourra-t-il bientôt renouer avec la consommation de ces aliments qui ont longtemps été à sa portée, avant de connaître une flambée inédite ? La sardine, par exemple, qui se vendait à moins de 60DA/kg, atteint aujourd'hui le pic de 250 dinars. Des décisions et des mesures ont été prises récemment pour ramener ces produits alimentaires à la baisse, mais les résultats tardent à voir le jour. Les ministères du Commerce et de la Pêche ont installé, début juillet dernier, rapporte l'APS, un groupe de travail conjoint chargé de la régulation des poissonneries et des pêcheries, dont l'objectif est de faire atterrir dans l'assiette des Algériens du poisson pas cher, en substitution aux viandes blanches et rouges. Faire le point de la situation des poissonneries, et ensuite, trouver des solutions aux différents goulots d'étranglement qui bloquent le bon fonctionnement du marché du poisson constituent «la feuille de route» de ce groupe de travail. «Des propositions concrètes visant l'amélioration des conditions de réception et de commercialisation des produits halieutiques dans le respect des conditions commerciales, notamment celles liées aux prix», seront présentées par ce comité, a déclaré le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, repris par l'APS. De son côté, le ministre de la Pêche, M. Khanafou, a souligné qu'il s'agissait surtout de mettre un terme à l'anarchie qui prévaut actuellement au niveau des 11 pêcheries réparties à travers le territoire national. Toutefois, il faudra aussi mettre de l'ordre dans ce secteur et sanctionner les commerçants qui spéculent sur les prix. Au niveau des poissonneries, quelques mareyeurs font souvent la pluie et le beau temps en la matière. Ils imposent leur diktat en achetant la plus grosse partie du poisson débarqué chaque jour, ce qui leur permet de fixer les prix à leur guise. Par conséquent, les prix atteignent des pics dépassant tout entendement. De la crevette à 1 600 DA, du sar royal à 800 DA ou du «gros yeux» à 400-500 DA. Pourtant, il ne s'agit nullement de produits importés, mais extraits de la mer algérienne ! Il faut dire aussi que l'insuffisance de la production halieutique nationale contribue à la hausse des prix. En moyenne, ce sont 187 000 tonnes pêchées chaque année, la tendance pouvant aller jusqu'à 220 000 tonnes. Une quantité qui est loin de répondre aux objectifs fixés par l'Etat qui veut que l'Algérien consomme en moyenne entre 8 et 10 kg de poisson par an. Le tout récent programme du ministère de la Pêche visant à porter la production nationale à plus de 274 000 tonnes sera-t-il une solution efficace ? Ce qui est certain c'est que le simple citoyen ne rêve que de la baisse des prix de ces aliments très convoités…