Résumé de la 1re partie n Dillworth dit à Burbage que Howard Mac Kenzie, un explorateur américain, avait voulu prendre pour cible Jack... Arrêtez! Arrêtez, nom de Dieu !... Howard Mac Kenzie, posément installé contre le bastingage avant, est en train de viser Jack avec sa Winchester. Avant qu'il n'ait eu le temps de tirer, le commandant lui saute dessus, l'envoie rouler par terre et lui arrache sa carabine. — Espèce de fou ! L'explorateur se relève, l'air ahuri. — Qu'est-ce qu'il vous prend ? J'allais l'avoir. — Descendez immédiatement dans votre cabine ! Et si vous en sortez sans mon autorisation, je vous fais mettre aux fers, compris ? — Mais enfin, commandant, qu'est-ce qu'elle a de spécial cette bestiole ? — Descendez, monsieur Mac Kenzie !... La traversée de la French Pass s'effectue sans encombre malgré l'incident. L'île d'Urville s'éloigne par tribord arrière. C'est le moment peut-être le plus émouvant du passage : le ballet d'adieu de Jack. Tous les marins se mettent à la passerelle et agitent leurs casquettes en poussant de grands cris. — Au revoir, Jack ! Au revoir, Jack !... Le dauphin saute allègrement auprès du «Penguin». D'habitude il fait deux cercles autour de lui avant de disparaître pour aller accueillir un autre navire, mais il n'a pas achevé son premier tour qu'un claquement retentit. On voit Jack, au sommet d'un de ses sauts, exécuter une curieuse cabriole et retomber dans l'eau comme une masse inerte. Il se débat quelques instants à la surface puis s'enfonce dans les profondeurs en laissant derrière lui un sillage rouge... Nelson Dillworth hurle : — Le salaud ! Il a tiré de sa cabine... Howard Mac Kenzie a passé le restant de la traversée aux fers et l'équipage du «Penguin» a failli le lyncher... Tel est le récit que fait le commandant à Francis Burbage, son nouveau pilote. Ce dernier l'a écouté avec une attention soutenue. — Et vous êtes sûr que Jack est toujours en vie ? — Oui. C'est un de mes collègues qui me l'a dit. Il a fait la traversée de la Pass trois mois après nous et Jack était bien là... La pluie s'est mise à tomber. La visibilité diminue dangereusement. Les deux hommes scrutent les abords du «Penguin». L'île d'Urville est à quelques miles : c'est l'entrée de la French Pass... Francis Burbage pousse un cri : — Là, commandant ! Effectivement, c'est Jack. Il n'est pas très facile de le voir dans l'orage, avec sa couleur gris bleu, mais c'est bien lui. Il ne fit pas comme d'habitude ses joyeuses et vertigineuses cabrioles. Il se contente de petits sauts. Les suites de sa blessure sans doute. D'ailleurs, il ne s'attarde pas à cette phase préliminaire. Il rejoint rapidement la proue et commence le guidage... Malgré lui, Francis Burbage est nerveux. — Je dois absolument le suivre, commandant ? — Absolument. Le pilote donne un tour à la barre. — C'est ma plus extraordinaire aventure en mer ! Et l'extraordinaire aventure commence... Le pont du «Penguin» est balayé de toutes parts à la fois par les paquets d'écume et les rafales de pluie. Devant, la petite tache gris bleu est à peine visible, mais Francis Burbage s'y accroche comme un aveugle à son chien. En fait, ce n'est pas lui le pilote, c'est Jack. C'est Jack qui va les sortir de ce danger comme il en a sorti des dizaines et des dizaines avant. Pourtant, depuis quelque temps déjà, Burbage manifeste son inquiétude... Il hurle au commandant, pourtant à un mètre de lui : — Il se rapproche de la côte ! — Cela ne fait rien, suivez-le ! — Commandant, ce n'est pas possible, il se rapproche encore ! — Suivez-le, sans quoi nous sommes fichus ! (à suivre...)