Résumé de la 4e partie n La baronne de Radhen, malgré la mort de son mari, n'abandonne pas sa carrière... Un jour, elle remarque une hésitation dans un exercice. Czardas a un problème. Un examen du vétérinaire confirme ses craintes : il perd la vue. — Madame, si je puis me permettre, le temps de la retraite a sonné pour Czardas. Il faudrait... — L'abattre ? Vous n'y pensez pas ! Jamais ! — Madame, je n'avais pas une idée si cruelle en tête. Il faudrait mettre Czardas au vert, lui assurer une vieillesse tranquille. Après tout, pour lui aussi les années sont là. Il y a longtemps que Jenny aurait dû songer à lui donner un successeur, à former un nouveau pur-sang. Or, malgré de nombreuses tentatives elle n'a jamais rencontré un animal qui la comprenne si bien, qui réagisse comme lui à la moindre pression du genou, au moindre claquement de langue. Et puis Jenny sait depuis l'incident du bouquet de fleurs que Czardas, au fond, est amoureux d'elle. Un vieil amoureux à quatre pattes, un amoureux qui ne propose ni bijoux, ni titre, ni mariage. Comment abandonner un cœur sensible à la solitude, même dorée, d'une écurie sans espoir ? Comment renoncer à cet acte d'amour quotidien que constitue une belle démonstration ? Comment demander à Czardas de ne plus saluer sous les tonnerres d'applaudissements ? Alors, Jenny renonce à toute nouvelle tentative. Elle se contente d'exécuter avec beaucoup de brio les figures, d'ailleurs spectaculaires, que Czardas désormais pratiquement aveugle peut se permettre. Un matin, à Nice, la fidèle servante de Jenny entre et ouvre tout grand les épais rideaux de brocart qui ferment les fenêtres de sa chambre. Jenny se réveille et proteste : — Mais qu'est-ce qui vous prend Mathilde ? Pourquoi me réveillez-vous au milieu de la nuit ? — Mais, Madame, il est dix heures ! Le soleil brille... Ne le voyez-vous pas ? Non, Jenny, baronne de Radhen, ne le voit pas : elle est aveugle. S'agit-il d'une cécité définitive ? Les spécialistes appelés à la rescousse diagnostiquent une hémorragie cérébrale. — Madame, il faut sans doute incriminer votre exercice le plus spectaculaire : votre «renversé». A chaque fois vous vous jetez brutalement en arrière. Cela provoque un déplacement du cerveau qui doit heurter la paroi de votre crâne, d'où cette blessure interne. Le nerf optique... Jenny n'écoute pas davantage les détails techniques. — Que dois-je faire ? — Repos complet et... prière. Les deux font effet car bientôt, et malgré sa vue affaiblie, Jenny reprend ses exhibitions. Mais ce soir, à l'Hippodrome, elle fait l'exhibition de trop. Czardas, aveugle, et son émouvante cavalière se précipitent sur un lourd portant de la scène. Czardas tombe, jambe brisée. Il faut l'abattre. Désormais, l'invincible Jenny, jamais découragée, envisage une autre carrière. Se souvenant de ses leçons de chant d'autrefois, elle se compose un répertoire et se produit comme cantatrice mondaine. La future reine de Belgique donnera un ultime concert pour «la cavalière aveugle victime de la gloire».