Réserves n Le cessez-le-feu annoncé par l'organisation indépendantiste basque ETA ne signifie «rien de positif» en l'absence d'un «abandon définitif des armes», a estimé le ministre de l'Equipement espagnol. «Il n'y a rien de positif dans ce communiqué», a déclaré ce lundi matin José Blanco, alors que le gouvernement espagnol s'était abstenu hier dimanche de tout commentaire officiel sur l'annonce de l'ETA. «Il faut rompre définitivement avec la bande terroriste», a-t-il estimé. «La bande terroriste ETA est très affaiblie et cherche un espace d'opportunité. Mais il n'y a pas d'autres opportunités que l'abandon définitif des armes et de la violence. C'est une opportunité perdue», a-t-il dit. L'ETA, tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en un demi-siècle de violences, a annoncé hier dimanche un cessez-le-feu, après un an sans attentat et de nombreuses arrestations de ses membres, mais sans préciser si ce cessez-le-feu était temporaire ou définitif. Il sonne, en tout cas, comme une réponse à minima aux «pressions» de sa branche politique Batasuna qui veut revenir dans le jeu politique, selon des experts. Ce communiqué «était attendu depuis plusieurs semaines après l'engagement officiel de Batasuna envers la non-violence et son alliance inédite avec le parti indépendantiste légal Eusko Alkartasuna (EA), note Gorka Landaburu, spécialiste de la question basque. Batasuna et son nouvel allié EA ont d'ailleurs dernièrement réclamé à l'organisation clandestine un «cessez-le-feu permanent sous vérification internationale» pour tenter de satisfaire aux exigences de Madrid qui réclame un abandon sans condition de la violence. L'objectif des «pressions» exercées par Batasuna, parti déclaré illégal en 2003 en raison de ses liens avec l'ETA est de revenir dans le jeu politique afin de se présenter légalement aux côtés d'EA aux élections municipales de 2011. Avec cette trêve, «l'ETA cherche à répondre aux pressions de Batasuna et officialise l'arrêt technique dans lequel elle se trouve depuis mars dernier pour une réorganisation interne, en réponse aux opérations policières», explique un spécialiste. Quant à la presse espagnole, elle s'interrogeait ce lundi matin sur l'identité de la femme masquée parlant dans la vidéo d'annonce du cessez-le-feu, hésitant entre deux militantes. «Il n'y a pas de doute: c'est une femme qui annonce le cessez-le-feu», soulignait le quotidien El Pais. La vidéo, transmise hier dimanche à la radio-télévision britannique BBC et au journal basque Gara, proche des milieux indépendantistes, montre trois personnes encagoulées, assises à une table face à la caméra, devant une affiche représentant le symbole de l'ETA, une hache entrelacée d'un serpent. «Ces derniers temps, le Pays Basque se trouve à un moment important, à un carrefour», déclare la personne au centre, une femme d'après le son de sa voix. Selon plusieurs médias, cette voix est la même que celle entendue en janvier 2009 dans une vidéo diffusée par l'ETA à l'occasion du 50e anniversaire de l'organisation.