Tiaret Ouardia a consacré sa vie à l?éducation de Brahim, son fils adoptif? Très jeune, Ouardia a sacrifié ses rêves et ses désirs en s?unissant à un homme qu?elle n?aimait pas d?amour. Mohand était riche, fort et avait une impressionnante autorité sur les gens. Cette autorité même dont il a fait état afin de convaincre les parents de la jeune et belle Ouardia, pauvres et miséreux, d?accepter un mariage arrangé. Certes, il était vieux, mais avec son argent, il se disait prêt à faire son bonheur et à lui léguer toutes ses richesses. Ouardia s?est d?abord montrée réticente, mais ses parents, ses frères et s?urs sont arrivés à infléchir sa décision. ? Cette occasion en or ne se présentera pas deux fois, ma fille. Mohand est riche et il cédera à tous tes caprices, car tu es très jeune et très belle. ? Vous semblez oublier cependant qu?il a toujours été convenu que j?épouse mon cousin Bachir. Je n?ai pas le droit de le trahir, et puis, je tiens trop à lui ! ? Allons ! Les jeunes filles bien élevées ne parlent pas ainsi ! Bachir n?a pas le sou, il ne pourra jamais t?assurer une vie décente? C?est un pauvre garçon éternellement à la recherche d?un emploi. ? Ce n?est pas sa faute s?il n?a pas de chance ! ? Mais toi, ma fille tu as une chance inouïe : Mohand est plein aux as ! ? Mais il a 65 ans et je n?en ai que 25 ! ? Et alors ? Tu préfères passer ta vie aux côtés de ce vaurien de Bachir ? ? Ne parle pas ainsi de lui, mère. Tu sembles oublier qu?il s?agit-là de ton neveu. Bachir est un jeune homme charmant, intelligent et il est riche de par ses valeurs morales ! ? Foutaise ! Ses valeurs morales n?égalent en rien les richesses de ton heureux prétendant. Crois-moi, ma fille, l?argent seul fera ton bonheur. Tu ne pourras rien construire avec ton cousin qui n?a même pas de quoi s?acheter un paquet de cigarettes ! ? Et puis, pense à nous, intervient l?une des jeunes s?urs de Ouardia. ? Oui, pense à nous, appuie son petit frère. Tu pourras nous offrir tout ce dont nous rêvons. Nous n?avons même pas de quoi manger ! Ouardia, dans un dernier murmure, laisse échapper cette phrase : ? Qu?il en soit ainsi ! J?épouserai Mohand et je ferai de vous des gens riches, à l?abri du besoin. Puis elle s?enferme dans la minuscule chambre qu?elle partage avec ses huit frères et s?urs et pleure toutes les larmes de son corps. Elle n?aura pas la vie dont elle a toujours rêvé, elle n?épousera pas Bachir, son unique amour, et elle n?aura pas la joie d?être mère. Ouardia a toujours eu l?esprit de sacrifice et elle est prête à tout pour le bonheur des siens. (à suivre...)