Résumé de la 16e partie n Le voyage coûtait entre soixante et cent livres cash. Ce qui compliquait sérieusement les choses pour Victoria… Elle était absolument impossible, répliqua Victoria d'un ton net. Vous ne pouvez pas savoir ce que j'ai dû endurer ! — Non ?... Enfin passons ! — C'est ça ! Passons... Qu'est-ce que vous auriez à me proposer ? Miss Spenser consulta ses livres. — Ce qu'il me faudrait, reprit Victoria, c'est quelque chose à Bagdad. — A Bagdad ? Miss Spenser semblait ahurie : — Oui, expliqua Victoria, j'aimerais aller à Bagdad. — Comme... secrétaire ? — Si ça se trouve !... Mais j'irais aussi bien comme infirmière, comme cuisinière ou comme bonne d'enfant. Ça m'est égal, du moment que c'est à Bagdad. Miss Spenser hocha la tête. — J'ai bien peur de ne pas pouvoir vous donner beaucoup d'espoir. Hier, j'avais une dame qui cherchait quelqu'un pour conduire ses deux petites filles en Australie... — Ça ne m'aurait pas intéressée. Ce que je veux c'est Bagdad. Si vous entendez parler de quelque chose... Je ne suis pas exigeante : le voyage, c'est tout ce que je demande... Allant au-devant des explications que réclamait le regard de Miss Sponsor, Victoria ajouta : — Oui... Là-bas j'ai... des amis qui me procureront une situation, très bien payée. Seulement, il faut que j'y aille ! — Oui, évidemment... En sortant du bureau de placement, Victoria acheta un journal du soir sur lequel elle jeta un coup d'œil. On n'y par-lait que de Bagdad ! Le docteur Pauncefoot Jones, le célèbre archéologue, venait d'entreprendre des fouilles sur l'emplacement de l'ancienne cité de Murik, à cent vingt milles de Bagdad. Un placard publicitaire rappelait qu'on peut gagner Bagdad par mer jusqu'à Bassorah pour prendre là le train à destination de Bagdad, Mossoul, etc. Un cinéma donnait le film Le Voleur de Bagdad, et dans la rubrique des livres un critique rendait compte d'une Vie d'Harounal Racshid, Cafe de Bagdad, qui venait de paraître. Victoria eut l'impression que le monde entier se préoccupait de cette ville de Bagdad, qui n'avait commencé à l'intéresser, elle, que ce jour-là, vers douze heures moins le quart. Elle se rendait compte qu'il ne lui serait pas commode de gagner Bagdad mais son optimisme ne l'abandonnait pas, et le soir avant de se coucher elle dressa une liste d'idées à examiner, laquelle se présentait comme suit : Faire paraître une petite annonce. Voir an Foreign Office. Voir à la légation d'Irak. Voir les importateurs de datte. Voir les compagnies de navigation. Se renseigner au bureau d'informations de Seffiridge. Tout cela - elle était obligée d'en convenir - n'apparaissait pas très prometteur. Et la dernière ligne posait, elle, un problème terriblement difficile à résoudre : comment se procurer cent livres sterling ? (à suivre...)