Résumé de la 16e partie n La reine et Truitonne triomphaient ; la vengeance leur faisait plus de plaisir que l'offense ne leur avait fait de peine. Cependant, le père de Florine, qui devenait vieux, tomba malade et mourut… Les grands du royaume s'assemblèrent promptement et montèrent à la tour, où la princesse était fort malade : elle ignorait la mort de son père et le supplice de son ennemie. Quand elle entendit tant de bruit, elle ne douta pas qu'on ne vînt la prendre pour la faire mourir et elle n'en fut point effrayée : la vie lui était odieuse depuis qu'elle avait perdu l'Oiseau Bleu. Mais ses sujets s'étant jetés à ses pieds, il lui apprirent le changement qui venait d'arriver à sa fortune... Elle n'en fut point émue. Ils la portèrent dans son palais et la couronnèrent. Les soins infinis que l'on prit de sa santé et l'envie qu'elle avait d'aller chercher l'Oiseau Bleu contribuèrent beaucoup à la rétablir et lui donnèrent bientôt assez de force pour nommer un conseil afin qu'il ait soin de son royaume en son absence. Puis, elle prit pour des millions de pierreries et elle partit une nuit toute seule, sans que personne sût où elle allait. L'enchanteur qui prenait soin des affaires du roi Charmant, n'ayant pas assez de pouvoir pour détruire ce que Soussio avait fait, s'avisa de l'aller trouver et de lui proposer quelque accommodement en faveur duquel elle rendrait au roi sa figure naturelle : il prit les grenouilles et vola chez la fée, laquelle causait dans ce moment avec Truitonne. D'un enchanteur à une fée, il n'y a que la main ; ils se connaissaient depuis cinq ou six cents ans, et dans cet espace de temps ils avaient été mille fois bien et mal ensemble. Elle le reçut très agréablement : «Que veut mon compère ? lui dit-elle (c'est ainsi qu'ils se nomment tous). Y a-t-il quelque chose pour son service qui dépende de moi ? — Oui, ma commère, dit le magicien. Vous pouvez tout pour ma satisfaction : il s'agit du meilleur de mes amis, d'un roi que vous avez rendu infortuné. — Ah ! ah ! je vous entends, compère, s'écria Soussio ? J'en suis fâchée mais il n'y a point de grâce à espérer pour lui s'il ne veut épouser ma filleule. La voilà belle et jolie, comme vous voyez : qu'il se consulte.» L'enchanteur pensa demeurer muet : il la trouva laide. Cependant, il ne pouvait se résoudre à s'en aller sans régler quelque chose avec elle parce que le roi avait couru mille risques depuis qu'il était en cage. Le clou qui l'accrochait s'était rompu ; la cage était tombée et Sa Majesté emplumée souffrit beaucoup de cette chute ; Minet, qui se trouvait dans la chambre lorsque cet accident arriva, lui donna un coup de griffe dans l'œil dont il pensa rester borgne. Une autre fois, on avait oublié de lui donner à boire ; il allait le grand chemin d'avoir la pépie quand on l'en garantit par quelques gouttes d'eau. Un petit coquin de singe, s'étant échappé, attrapa ses plumes au travers des barreaux de sa cage, et il l'épargna aussi peu qu'il aurait fait pour un geai ou un merle. Le pire de tout cela c'est qu'il était sur le point de perdre son royaume : ses héritiers faisaient tous les jours des fourberies nouvelles pour prouver qu'il était mort. Enfin, l'enchanteur conclut avec sa commère Soussio qu'elle mènerait Truitonne dans le palais du roi Charmant, qu'elle y resterait quelques mois pendant lesquels il prendrait sa résolution de l'épouser et qu'elle lui rendrait sa figure quitte à reprendre celle d'oiseau s'il ne voulait pas se marier. (à suivre...)