Politique En prônant une guerre totale contre le terrorisme, en adhérant sans réserve à la politique américaine après le 11 septembre, Aznar a réalisé l'amalgame conceptuel entre le terrorisme interne et le terrorisme international. Les autorités espagnoles, le socialiste Felipe Gonzalez naguère comme JoseMaria Aznar, ont souvent reproché à ceux qui les poussaient à signer un «cessez- le- feu» avec l?ETA de ne pas comprendre qu'il n'y avait, avec l'ETA, pas de compromis possible, que les «trêves» plus ou moins négociées étaient vouées à l'échec puisque aucun arrangement politique n'était concevable. En prônant une guerre totale contre le terrorisme, en adhérant sans réserve à la politique américaine après le 11 Septembre, le président du gouvernement espagnol a réalisé l'amalgame conceptuel entre le terrorisme interne et le terrorisme international. En paie-t-il le prix aujourd'hui, si Al-Qaîda est à l'origine des attentats de Madrid ? L'Espagne est-elle «punie» pour sa participation à l'intervention anglo-américaine en Irak ? S'en tenir à cette explication serait une analyse à courte vue. Sans doute y a-t-il des raisons politiques ou opérationnelles qui pourraient faire de l'Espagne une cible privilégiée. Mais les attentats du 11 mars doivent, sans doute, être considérés comme une manifestation de ce que François Heisbourg, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, a appelé, au lendemain du 11 septembre 2001, l' «hyperterrorisme». Une conjonction entre «la destruction de masse et la nature apocalyptique des organisateurs des attentats» qui n'ont d'autres objectifs que de provoquer le nombre le plus élevé possible de victimes et d'autres motivations que l'hostilité au monde occidental et aux valeurs qu'il véhicule. S'il en est ainsi, force est de constater que la guerre contre le terrorisme menée sous la houlette des Etats-Unis depuis l'automne 2001, l'intervention en Afghanistan pour détruire le régime des talibans et traquer Oussama ben Laden comme l'invasion de l'Irak, n'ont pas désarmé les fanatiques. Ont-elles grossi leurs rangs ? A court terme ce n'est pas impossible. En donnant un coup de pied dans la fourmilière moyen-orientale, l'administration Bush a déstabilisé la région sans être en mesure de proposer, dans l'immédiat, un nouveau principe d'organisation.