Résumé de la 39e partie n Mrs Clipp arrive à Tio Hotel. Elle est saluée sur le seuil par le directeur-propriétaire en personne. — L'évêque d'où ? — De Liangow, je ne crois pas me tromper. — Il n'y a pas d'évêque de Liangow. Victoria fronça le sourcil. La dame n'était pas de celles qu'on peut abuser avec un évêque fantôme. — Alors, reprit Mrs Clipp, c'est que j'aurai mal compris. En tout cas, c'est certainement une charmante jeune fille, et qui sait se rendre utile. — Ah ? La dame n'avait pas l'air très convaincue. Victoria se dit qu'il ne devait pas être facile de lui conter des blagues et se promit de ne point l'approcher de trop près. Puis, assise sur son lit, elle examina la situation. Elle était au Tio, un hôtel vraisemblablement fort cher et elle possédait, en tout et pour tout, quatre livres dix-sept shillings. Elle avait fait un excellent repas, qu'elle devait et dont il n'était nullement prouvé qu'il serait payé par Mrs Clipp, qui ne s'était engagée à ne rien acquitter d'autre que les frais de voyage de son infirmière. Mrs Clipp avait eu à ses côtés une aide attentive et prévenante, Victoria était à Bagdad, tout s'était passé à la satisfaction des deux parties, mais désormais Victoria n'était plus au service de Mrs Clipp, qui prendrait le train du soir pour Kirkouk. Avant de s'en aller, accorderait-elle à Victoria une gratification ? C'était possible, mais peu probable, la brave dame ne sachant pas que Victoria se trouvait dans une situation financière difficile. Il n'existait qu'une personne sur qui Victoria pût compter : Edward. Edward, qui lui trouverait un emploi... Mais où se trouvait-il ? Et comment s'appelait-il ? Victoria découvrait avec stupeur qu'elle ignorait son nom de famille ! Heureusement, elle savait qu'il venait à Bagdad comme secrétaire du docteur Rathbone. Lequel, on pouvait le présumer, n'était pas n'importe qui... Victoria se remit un peu de poudre, tapota ses cheveux et descendit dans le hall de l'hôtel. Marcus l'accueillit avec un large sourire. — Mademoiselle Jones ! s'écria-t-il, du plus loin qu'il l'aperçut. Je suis ravi de vous voir et vous ne refuserez pas de boire quelque chose avec moi. J'adore les Anglaises. Toutes les Anglaises de Bagdad sont mes amies. Allons jusqu'au bar ! Victoria ne se fit pas prier. Perchée sur un haut tabouret, un verre de gin à la main, elle demanda tout de suite le renseignement qui l'intéressait. — Connaissez-vous un certain docteur Rathbone, qui vient d'arriver à Bagdad ? — A Bagdad répondit Marcus Tio, le visage épanoui, je connais tout le monde et tout le monde me connaît ! C'est la pure vérité. Je n'ai que des amis ! — J'en suis persuadée. Vous connaissez le docteur Rathbone ? — La semaine dernière, j'avais ici le général qui a la haute main sur toutes les formations aériennes dans le Moyen-Orient. Nous ne nous étions pas rencontrés depuis 46. Il m'a trouvé grossi. C'est un homme extrêmement amusant et je l'adore ! (à suivre...)