Défi Krimou décide de prendre le taureau par les cornes et de se battre pour les autres handicapés, qui souffrent plus que lui. Cet enfant rebelle de La Casbah boite. Il raconte une enfance mouvementée entre le lacis de ruelles de la belle médina. «Je partais à la plage avec mes copains. Je jouais au foot, j?ai même été traîné dans les commissariats de police. Donc, je n?ai pas vraiment souffert du rejet social. J?étais au contraire un enfant turbulent.» Krimou avoue que d?autres amis, dont l?état est plus grave, endurent l?abandon et le rejet des leurs et de la société. «Certains handicapés ne sortent jamais. On refuse de les faire sortir par sentiment de honte. Pour eux, le fait d?avoir donné naissance à un enfant handicapé est un péché impardonnable !» Notre interlocuteur explique que de nombreuses familles enferment leurs handicapés à la maison, sans que ces derniers puissent voir la lumière du jour. «Oui. Des familles pareilles existent. C?est malheureux !», lance-t-il. A 23 ans, Krimou a suivi une formation de programmateur ; il a exercé sans aucune difficulté pendant trois ans dans une entreprise étatique, dans le cadre de l?emploi de jeunes. Une bonne expérience pour lui. Actuellement, il est employé comme agent d?administration. C?est lui qui a soufflé à son ami Nabil l?idée de la création de l?Union nationale des handicapés. «Les handicapés subissent le mauvais accueil des administrations locales. On les fait attendre pendant des heures alors qu?ils sont malades ! C?est inadmissible et insupportable ! Il faut se battre contre ces idées et tenter de s?imposer dans cette société !» Krimou ajoute que le soutien familial est important et très vital. «La famille est une source d?amour et de soutien, c?est elle qui doit avant tout ne pas faire de distinction entre ses membres. C?est elle aussi qui éjecte le handicapé ou le pousse à s?imposer et lui martèle qu?il est comme tout le monde. Ce sont des gestes quotidiens.»