Résumé de la 43e partie n Mrs Cardew Trench est ravie de pouvoir enfin «situer» Victoria puisqu'elle est la nièce du docteur Pauncefoot Jones. Vous savez où il est descendu ? — Au Babylonian Palace Hotel, je crois, mais son quartier général est près du Musée... A deux pas du bazar aux cuivres... Le Rameau d'Olivier... Un nom ridicule et une institution qui ne l'est pas moins... Bourrée de jeunes femmes qui ne s'habillent pas, ne se lavent pas le cou et portent des lunettes ! — Je connais vaguement son secrétaire. — Ah ! oui, le jeune.., comment s'appelle-t-il déjà ? Edward le Réservé, enfin... Un gentil garçon, qui n'est pas du tout à sa place dans ce milieu d'intellectuels crasseux... Il s'est très bien conduit à la guerre, m'a-t-on dit. II faut qu'il gagne sa vie, probablement... Oui, c'est un très gentil garçon, et toutes ces jeunes femmes s'en rendent d'ailleurs bien compte... Elles sont folles de lui malgré leurs graves travaux !... Au fait, comment se porte Mrs Pauncefoot Jones ? On m'a dit qu'elle avait été très malade ? Sachant maintenant ce qu'elle voulait savoir, Victoria jugeait inutile de courir le risque d'un nouveau mensonge. Elle jeta un coup d'œil sur sa montre et poussa un cri : — Mon Dieu ! Six heures et demie ! Et Mrs Clipp qui m'attend pour s'habiller ! Il faut que je me sauve ! Victoria ne disait pas tout à fait la vérité mais elle ne mentait pas tout à fait non plus puisqu'elle devait retrouver Mrs Clipp à sept heures. Elle prit vivement congé et monta à sa chambre, toute sa gaieté revenue. Demain, elle verrait Edward. Quant aux jeunes femmes au cou mal lavé qui l'entouraient de leur adoration, Victoria ne les redoutait pas. Edward retrouvé, les choses iraient toutes seules... La soirée passa rapidement. Après avoir dîné avec Mrs Hamilton Clipp, qui l'invita à venir la voir plus tard, Victoria la conduisit à la gare, l'installa dans son compartiment et fit connaissance avec une amie de Mrs Clipp, laquelle, se rendant elle aussi à Kirkouk, s'occuperait d'elle durant le voyage. Au dernier moment, tandis que la locomotive sifflait, Mrs Clipp mit dans la main de Victoria une enveloppe rebondie. — Un petit souvenir, mademoiselle Jones. Acceptez-le avec, encore une fois, tous mes remerciements ! — Oh ! madame Clipp, c'est trop gentil à vous ! Il ne fallait pas... Victoria, enchantée, prit un taxi, pour rentrer à l'hôtel, courut à sa chambre et, d'une main fébrile, ouvrit l'enveloppe. Elle contenait une paire de bas en nylon ! A tout autre moment, Victoria eût été ravie. Elle était coquette et ses moyens ne lui avaient jamais permis de s'offrir des bas nylon. Mais elle espérait tout autre chose, un peu d'argent liquide eût bien mieux fait son affaire et elle regret-tait que la délicatesse de Mrs Clipp l'eût empêchée de lui faire cadeau d'un billet de cinq dinars, ou de plus... Heureusement, grâce à Edward, tout s'arrangerait dès le lendemain. Victoria se mit au lit sur cette pensée rassurante et, cinq minutes plus tard, elle dormait d'un sommeil profond et sans rêves. (A suivre...)