Desiderata Cinq arrestations et une nouvelle revendication d?Al-Qaîda renforcent cette option qui embarrasse le gouvernement Aznar. Alors que le pays est appelé aujourd?hui aux urnes, une nouvelle revendication au nom d'Al-Qaîda des attentats de Madrid, la deuxième en trois jours, et l'interpellation de trois Marocains sont venues renforcer la piste islamiste dans l'enquête sur le massacre perpétré dans la capitale espagnole. Comme la première revendication de jeudi, qui émanait des «Brigades Abou Hafs al-Masri/Al-Qaîda», une cassette vidéo, en arabe, retrouvée, hier, à proximité d?une mosquée à Madrid, lie directement les attentats au soutien sans faille apporté par le gouvernement espagnol de José Maria Aznar à l'Administration Bush dans le conflit irakien, malgré l'opposition d'une grande majorité de son opinion publique. «Un homme habillé comme un Arabe» et parlant «l?arabe avec un accent marocain» a «revendiqué au nom du porte-parole militaire d'Al-Qaîda en Europe, Abou Doukhan Al Afghani», les attentats de Madrid qui ont fait 200 morts, a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes, dans une conférence de presse. Auparavant, M. Acebes avait informé, lors d'une précédente conférence de presse, que «trois Marocains et deux Indiens» avaient été interpellés «au début de l'après-midi dans plusieurs quartiers de Madrid» dans le cadre de l'enquête. Ils sont soupçonnés de «vente et de falsification de puce» d'un téléphone portable retrouvé dans un sac à dos contenant une bombe qui n'a pas explosé jeudi lors des attentats dans quatre trains de banlieue. Interrogé sur les relations éventuelles de ces cinq personnes avec Al-Qaîda, le ministre a indiqué qu'il était prématuré de se prononcer sur ce point. «Certains pourraient avoir des relations avec des groupes extrémistes marocains», a-t-il seulement remarqué en indiquant que ces interpellations «ouvrent une voie très importante pour avancer» dans l'enquête. Cette revendication par Al-Qaîda pourrait avoir un impact important lors des élections législatives d?aujourd?hui où le Parti populaire (droite, au pouvoir) et son candidat Mariano Rajoy ? M. Aznar ne se représentant pas ? faisaient figure de favoris avant les attentats du 11 mars. Et ce d'autant plus que l'opinion publique espagnole a été visiblement irritée par l'insistance du gouvernement espagnol à privilégier, malgré l'amoncellement d'indices contraires, la piste de l'organisation indépendantiste basque ETA dont les actions terroristes ont fait plus de 800 morts en Espagne depuis 1968. En tout cas, de l?avis de la presse espagnole, le gouvernement affronte les élections générales dans une situation politique embarrassante pour la gestion de la crise et parce que l'enquête sur le massacre replace José Maria Aznar face à sa décision la plus controversée : l'implication de l'Espagne dans la guerre d'Irak. L'état de choc postérieur aux attentats qui, avec leurs 200 morts et près de 1 500 blessés, ont totalement occulté les programmes des partis politiques, et la menace brandie contre l'Espagne par les deux revendications au nom d'Al-Qaîda, pourraient coûter cher au Parti populaire (PP, droite), ne serait-ce qu'en mobilisant l'électorat de gauche. Les inscriptions «ce sont vos guerres, ce sont nos morts», «Aznar, à cause de toi, nous payons tous» figuraient en bonne place, hier soir, parmi les pancartes exhibées devant les sièges du PP dans les principales villes d'Espagne.