Schéma n Lorsqu'on évoque les démocraties dans le monde, les Etats-Unis sont en tête du peloton, considérés comme le modèle parfait des libertés individuelles et collectives... A l'aube du XIXe siècle, alors que la France entre dans une période révolutionnaire trouble qui instaurera une République instable et que le Royaume-Uni vit toujours sous une monarchie parlementaire conservatrice et non démocratique, le monde assiste à la naissance d'un nouvel Etat : les Etats-Unis d'Amérique. Cette naissance ne s'est pas faite facilement, mais au terme d'une violente guerre d'Indépendance contre l'Angleterre et d'un difficile compromis autour d'une Constitution commune. Cette naissance se fera au détriment des Indiens, autochtones du continent à l'époque. Pas moins de 65 guerres opposeront les colons européens puis les Américains aux peuples nord-amérindiens, de 1778 à 1890. Bien qu'aucune guerre ne fût officiellement déclarée par le Congrès des Etats-Unis, l'armée fut constamment en guerre contre ces peuples à partir de 1778. Elles se sont prolongées au XIXe siècle par des violences et de nombreux massacres de la part des deux camps. Plus de quatre cents traités signés avec les Indiens ont tous été violés sans exception par les gouvernements américains. Des tribus entières seront massacrées, leurs chefs passés par les armes et leurs terres confisquées. Le peuple sioux, les Mohicans et les Apaches seront parqués par dizaines de milliers dans des réserves surveillées par des Blancs. Ils seront livrés à la misère, la faim, la maladie et aux marchands d'alcool. Rien n'a d'ailleurs changé pour leurs descendants, puisque la plupart continuent de vivre dans des villages insalubres, isolés, loin des centres urbains. Le pouvoir américain, qui ne s'en cache pas, les considère comme des sous-hommes, des bons à rien, qui méritent tout juste d'être assistés. N'avez-vous pas remarqué que dans tous les films westerns produits par Hollywood, les peaux-rouges campent toujours le rôle de personnages incultes, fanatiques, violents... Mais à y penser, le sort qui a été réservé aux Indiens n'a rien d'égal avec celui des Noirs. Les historiens estiment que du XVIe au XIXe siècles, les négriers ont arraché une dizaine de millions d'Africains à leur lieu d'origine pour en faire des esclaves aux Etats-Unis et dans les colonies européennes d'Amérique. Ces esclaves n'avaient aucun droit. Ils étaient considérés comme la chose de leurs maîtres, qui pouvaient les vendre, les louer, les battre ou les tuer. Les horreurs qui accompagnaient la traite des Noirs ont été maintes fois décrites. La traversée d'Afrique en Amérique surtout donne lieu à des scènes de cruauté qui font frémir. Il a été constaté que 25% au moins des Africains embarqués périssent pendant le trajet, à cause de la capacité insuffisante des navires. Entassés les uns contre les autres, enchaînés deux par deux par les mains et par les pieds, privés d'air, manquant d'aliments et d'eau pure, infectés par leurs propres déjections, les malheureux noirs sont atteints d'affreuses maladies : comment alors s'étonner d'une telle mortalité ? Plusieurs se suicident de désespoir. D'autres sont jetés tout vivants à la mer, soit lorsqu'ils se trouvent atteints de maladies incurables qui les empêchent d'être en bon état de vente, soit lorsqu'on juge nécessaire d'alléger le navire, dans une tempête par exemple ; soit enfin quand le négrier, poursuivi par un croiseur, veut anéantir toute trace de son crime : dans ce dernier cas, on jette quelquefois à la mer la cargaison tout entière. Arrivés en terre américaine, ces esclaves feront tourner l'économie et surtout les immenses plantations de coton ; ils n'auront pas le droit de lire ou d'écrire, devront baisser les yeux en parlant à leur maître, et ne pourront se plaindre ni du nombre d'heures de labeur passées dans les champs ni des conditions de travail. Ils n'épousaient que des esclaves et avec l'accord du maître. Leurs femmes et leurs enfants pouvaient être vendus, prêtés ou battus sans qu'il leur soit possible de protester. En cas d'évasion, ils étaient emprisonnés, fouettés et même torturés. L'abolition de l'esclavage par Abraham Lincoln n'améliorera en aucun cas leur triste sort. En effet, jusqu'en 1960, ils n'ont pas le droit de fréquenter les mêmes établissements, transports, lieux publics que les Blancs...