Résumé de la 60e partie n La proposition de Dakin intéresse Victoria qui veut savoir en quoi consistera son travail... Dakin coupa net sa phrase, toussota et reprit : — Mais je ne veux pas vous gratifier d'un sermon. Revenons aux faits ! Ce groupe, que je regrette de ne pouvoir désigner de façon plus précise, exerce son activité dans différents centres. Il y en a un en Argentine, un au Canada, un autre – et peut-être plusieurs – aux Etats-Unis, un autre encore, c'est probable, en Russie. En ces deux dernières années vingt-huit savants, de nationalités diverses, ont disparu comme par enchantement. Nul ne sait ce qu'ils sont devenus. La même aventure est arrivée à des aviateurs, à des ingénieurs et à des techniciens. Tous, il faut le remarquer, étaient jeunes, ambitieux et, généralement, sans liens de famille. Où sont-ils maintenant ? Nous l'ignorons, mais nous commençons à avoir quelques idées sur ce qu'ils peuvent faire. Victoria écoutait avec une attention passionnée. Dakin poursuivit : — On dirait volontiers qu'à l'époque où nous vivons il n'est pas un pays dans lequel on puisse créer des usines et produire dans le secret le plus absolu. Pourtant, il existe encore des coins reculés, éloignés des grandes routes commerciales et protégés par de hautes montagnes et des zones désertiques, des endroits où l'étranger se heurte à des populations hostiles et que n'ont atteints encore que quelques rares voyageurs. Il pourrait se passer là des choses dont le monde extérieur ne saurait jamais rien. Il en est un, que je ne désignerai pas plus clairement, qu'on peut gagner par la Chine, ou en franchissant la chaîne de l'Himalaya. Le voyage est long et difficile. Malgré cela, on a, de tous les points du globe, amené là du matériel et du personnel, l'un et l'autre détournés de leur destination prétendue, ostensiblement annoncée au départ. Un homme a suspecté quelque chose, un homme exceptionnel. Il était né à Kachgar. Il parlait toutes les langues et tous les dialectes de l'Orient et il avait partout des amis et des contacts. Il a trouvé la piste et l'a suivie. Quand il revint dans le monde civilisé, son rapport parut à ses chefs si incroyable qu'ils se refusèrent à y croire. Il finit par admettre qu'il avait eu la fièvre et mal compris ce qu'il avait entendu, ou qu'il l'avait rêvé. Deux personnes pourtant croyaient à la véracité de ses dires. La première, c'était moi. L'impossible arrive si souvent que je ne suis jamais sceptique. L'autre était... Dakin hésita. — L'autre était... ? — L'autre était sir Rupert Crofton Lee, un grand voyageur qui, pour avoir lui-même visité ces régions perdues, sait qu'elles peuvent réserver d'étonnantes surprises. Mon attitude et celle de sir Rupert décidèrent Carmichaël – c'était le nom de l'homme en question – à aller sur place, chercher la vérité. L'entreprise était hasardeuse, mais il était plus qualifié que quiconque pour la mener à bien. Cela se passait il y a neuf mois. Nous n'avons eu de ses nouvelles qu'il y a quelques semaines. (à suivre...)