Résumé de la 52e partie n Victoria – bien que sans le sou – s'offre un repas copieux. Avant de rejoindre sa chambre elle fait quelques pas sur la terrasse... Pour les gens habitués à vivre à Bagdad, la température était d'une rigueur hivernale et il n'y avait personne dehors, à l'exception d'un garçon du restaurant qui semblait - penché sur le parapet - absorbé par la contemplation de l'eau. Quand il aperçut Victoria, il s'éloigna vivement, disparaissant dans l'hôtel par une porte de service. Victoria, pour qui la nuit n'était qu'une nuit d'été un peu fraîche, prolongea sa promenade quelques instants. Le Tigre, sous le clair de lune, prenait une beauté nouvelle et le regard de la jeune fille s'attarda longuement sur l'autre rive du fleuve, sombre et mystérieuse, derrière son rideau de palmiers. Quand Victoria fut rentrée, le garçon qui s'était éclipsé à son approche vint achever son travail interrompu : il attachait au parapet une corde à nœuds qui descendait jusqu'à la berge. Une silhouette s'approcha dans l'ombre. — Tout va bien ? demanda le garçon. — Oui, monsieur. Rien à signaler. Sa besogne terminée, Mr Dakin retira sa veste blanche de garçon de restaurant, passa son ordinaire veston bleu et, d'un pas tranquille, gagna l'extrémité de la terrasse. Il s'arrêta en haut de l'escalier, à la rue en contrebas, et attendit. Bientôt, Crosbie, sortant du bar, vint le rejoindre. — Il commence à faire frisquet ce soir, dit Crosbie. Evidemment, arrivant de Téhéran vous vous en rendez moins compte. Dakin ne répondit pas, et un instant les deux hommes fumèrent en silence. Puis, Crosbie parla : — La petite, qui est-ce ? — La nièce de l'archéologue Pauncefoot Jones, à ce qu'il paraît. — Ah ?... C'est possible ! Seulement, qu'elle soit arrivée par le même avion que Crofton Lee... — Il est toujours plus sûr de procéder à des vérifications. Ça ne peut pas nuire ! Un nouveau silence suivit. Puis Crosbie dit : — Vous croyez vraiment qu'il valait mieux tout transférer de l'ambassade à l'hôtel ? — Je le crois. — Bien que tout ait été prévu là-bas dans les moindres détails ? — A Bassorah aussi tout était prévu dans les moindres détails... Et pourtant les choses ont mal tourné. — Au fait, Salah Hassan a été empoisonné. — Ça devait arriver ! A-t-on des raisons de penser qu'on a essayé de tenter quelque chose au consulat ? — C'est très possible. Il y a eu un incident curieux. Un type a sorti un revolver... Richard Baker lui a sauté dessus et l'a désarmé... — Richard Baker, dit lentement Dakin. — Vous le connaissez ? — Je le connais. Après un nouveau silence, Dakin reprit : — L'improvisation !... Je table là-dessus. Si, pour reprendre votre expression, nous prévoyons tout dans les moindres détails, l'adversaire aura la tâche facile s'il vient à connaître nos plans. A mon avis, Carmichaël n'arriverait pas jusqu'à l'ambassade... et y arriverait-il... Dakin n'acheva pas sa phrase, mais le son était clair. (à suivre...)