Résumé de la 90e partie n Evadée de prison, Victoria n'est pas pour autant tranquille. Elle craint qu'on ne la rattrape... Il fallait se cacher. Mais où ? Elle se drapa comme elle put dans la vieille aba noire qu'elle portait sous son bras et elle ramena le voile sur son visage. Après quoi, elle retira ses chaussures et ses bas. Voilée et pieds nus, une femme arabe, aussi loqueteux que fussent ses vêtements, ne risquait rien. Aucun indigène n'aurait l'audace de lui adresser la parole. Mais ceux qui la recherchaient seraient-ils des Arabes ou des Européens ? Des Européens, que son déguisement ne tromperait pas... Trop fatiguée pour se remettre en route, elle jugea qu'elle ne pouvait mieux faire que de se reposer un peu. De la petite éminence sur laquelle elle se trouvait, elle pouvait, cachée derrière un buisson d'alfa, surveiller les alentours. Si une auto arrivait, elle la verrait venir et elle déciderait à ce moment-là de ce qu'il convenait de faire. Des Européens pouvaient seuls la ramener vers la civilisation. Mais il fallait qu'elle fût sûre que ces Européens n'étaient pas ceux qui lui voulaient du mal. Et, à distance, comment les distinguer ? Le problème la tracassait encore quand, épuisée, elle s'endormit. A son réveil, le soleil était au zénith. Elle avait les membres raides et l'esprit peu clair. Elle mourait de soif. Elle passait une langue rêche sur ses lèvres sèches quand un bruit de moteur, faible mais distinct, frappa ses oreilles. Prudemment, elle leva la tête. La voiture ne venait pas du village. Elle semblait au contraire s'y rendre. Ses occupants n'étaient donc pas à la poursuite de Victoria. L'auto, qui n'était encore qu'un petit point noir au lointain, disparut dans une dépression de terrain. Victoria la revit bientôt. Un Arabe était au volant, un Européen à côté de lui. Que faire ? Victoria hésitait. Courir à la rencontre de ces gens qui, peut-être lui sauveraient la vie ? Oui... Mais si c'était l'ennemi ? La piste était peu fréquentée. Pour que cette voiture la suivît... Ne pas bouger, c'était la certitude de mourir de soif et d'épuisement… Se signaler, c'était peut-être s'offrir à l'ennemi. Victoria n'avait pu encore se résoudre à prendre un parti quand l'auto quittait la piste, fit un brusque virage : elle venait vers la butte d'où Victoria l'observait. Victoria avait été vue ! Elle s'aplatit sur le sol et resta immobile. Elle entendit le moteur s'arrêter, puis une portière qui claquait. Quelqu'un dit quelques mots en arabe. Un silence suivit. Elle risqua un œil et aperçut un homme, l'Européen, qui gravissait le monticule. De temps en temps, il se baissait pour ramasser quelque chose par terre. II ne semblait pas le moins du monde s'occuper de Victoria. De plus, c'était indiscutablement un Anglais. Soulagée, Victoria se mit debout et alla à sa rencontre. De loin, avant même qu'il ne l'eût vue, elle l'interpella : — Si vous saviez ce que je suis heureuse que vous soyez là ! II leva la tête, stupéfait. — Que diable faites-vous...? Mais.., vous êtes Anglaise ? Victoria, éclatant de rire, se dépouilla de son aba. — Bien sûr !... Est-ce que vous pouvez me ramener à Bagdad ? — Je n'y vais pas. J'en viens. Mais que diable faites-vous ici, en plein désert ? On m'a enlevée, répondit Victoria.. (à suivre...)