Projet Directeur artistique de la compagnie Altérité, continent et musique, basée à Besançon, en France, Manuel Aguilar ainsi que son assistant, Yann Argenton, sont à Alger pour une création musicale avec de jeunes musiciens algérois. Infosoir : Comment est né votre projet ? Manuel Aguilar : Il y a longtemps que je voulais travailler en Algérie. En France, j?ai déjà travaillé avec des musiciens algériens, mais ce qui m?intéressait, en fait, c?était surtout de venir ici voir ce qui s?y passait, parce qu?en France on a une image complètement distortionnée de l?Algérie. C?est-à-dire déjà au niveau musical on parle que du raï, il n?y a vraiment que dans des milieux très confinés où on connaît la musique arabo-andalouse. Pourtant, on a été surpris, car, on n?imaginait pas quand on est arrivé ici que la musique arabo-andalouse et chaâbie était aussi présente, aussi vivante, qu?elle était enseignée, transmise, que tout le monde écoutait cela. Cela a complètement changé l?image que nous avions de l?Algérie. Quel est l?objectif de ce travail ? Le but de la compagnie est de créer des spectacles de musique, de faire découvrir certaines musiques, surtout certains musiciens. Notre idée est de travailler avec des gens inconnus, des jeunes talents, ce qui permettra de créer des ponts. Ce qui nous intéresse aussi, c?est de construire des relations nord-sud, sud-sud et d?arriver à faire venir en France des jeunes musiciens pour qu?ils y travaillent. C?est-à-dire créer une dynamique de liens. L?intérêt est de montrer les véritables identités des gens. Quelle est votre approche de la musique algérienne ? Là, on s?est attaché au chaâbi et à l?arabo-andalou. On écoute aussi d?autres musiques des autres régions. Et ce qui nous a intéressé, c?est surtout cette transmission orale, et puis l?identité trop forte, c?est-à-dire on a des musiciens qui ont 20 ans et qui sont très attachés à la tradition culturelle et musicale de leur pays, et aux événements auxquels sont liées les musiques. tout cela nous a enrichi dans notre façon de travailler, l?enseignement et la façon d?aborder la musique. Il s?avère que vous ne vous limitez qu?à deux registres musicaux. Là, pour l?instant oui, on ne se limite qu?à la musique chaâbie et andalouse, mais on va faire de petites références à d?autres choses. Moi je chante en espagnol et j?apporte une influence hispanique, il y a Argenton qui apporte ses compositions et fait travailler les musiciens algériens sur ses compositions à des arrangements avec leur connaissance à eux. Nous, on est au service des musiciens algériens, et eux font des arrangements pour leur propre création. Dans quel cadre votre travail s?inscrit-il ? Au début, la compagnie a organisé le travail indépendamment de l?année de l?Algérie en France, ensuite des gens du commissariat nous ont rencontrés et le projet leur a plu, donc ils nous ont demandés de l?intégrer à l?année de l?Algérie, surtout que c?est le seul projet de création musicale où il y a du travail d?écriture, de composition et de recherche. Qu?en est-il du travail ? Il avance normalement, c?est-à-dire il y a beaucoup d?idées, de l?innovation et de la volonté. Je me suis rendu compte que moi j?aime bien créer des espaces où les gens peuvent travailler, les jeunes musiciens occupent de plus en plus l?espace et prennent de plus en plus les choses en main. Moi, je crois, pour l?instant, qu?on est dans une bonne dynamique de création. Quelle est la finalité de votre travail ? C?est de créer un spectacle qui va ensuite être diffusé d?abord en Algérie, et à l?automne, on sera en France.