Esseulement n Les sourds-muets continuent d'être marginalisés et isolés et n'entrevoient aucun projet d'avenir. Un isolement, aggravé par le manque d'information. InfoSoir : Vous avez appelé à la création d'un Centre national de formation en langage des signes. Qu'apportera-t-il à la communauté des sourds-muets ? M. Zekhref : La principale difficulté que rencontrent les sourds-muets dans notre pays est la communication. On relève un manque flagrant d'interprètes. Un centre national qui sera chargé de former ces interprètes en vue de faciliter l'insertion sociale et professionnelle des sourds-muets est devenu plus qu'indispensable. Nous travaillons sur un projet de création d'une association d'interprètes pour sourds, qui prendront en charge tous les problèmes qu'ils rencontrent. Et ce, en matière d'honoraires, de couverture sociale, mais aussi d'assurance. L'objectif est aussi de former d'autres interprètes pour les sourds-muets. Où en est le projet du dictionnaire de la langue des signes ? Il a débuté en 2008, au Centre national de formation du personnel spécialisé pour handicapés (Cnfps de Constantine), ou nous nous sommes réunis pour l'étudier. Les meilleurs interprètes parmi eux des représentants des différentes wilayas ont été sélectionnés pour uniformiser la langue des signes. Cela s'est effectué par paliers, par thèmes à savoir les couleurs, la famille, les jours de la semaine, les mois de l'année, les moyens de transport. Suite à cela, un manuel d'initiation à ce langage a été élaboré qui est en même temps un dictionnaire (un glossaire et un lexique). Nous avons fait un véritable travail de recherche, et nous avons tout remis au ministère. Il ne restait plus qu'à finaliser le projet et imprimer le document. Mais à ce jour, rien. Ce projet de dictionnaire de la langue des signes est resté dans les oubliettes, on ne sait pas pourquoi. En 2008, le ministère avait pourtant mis le paquet et l'année d'après, il nous a complètement oubliés. Peut-être que cela ne faisait pas partie de ses priorités. La commission nationale de recherche en langue des signes qui avait débuté dans ce sens un travail a été bloquée. C'est pour cela d'ailleurs que nous avons écrit au ministère de la Solidarité nationale et de la Famille pour demander des explications. Selon vous, pourquoi la langue des signes n'est-elle pas encore reconnue, alors que c'est le cas pratiquement dans tous les pays du monde ? En 2008, le ministre de la Solidarité nationale avait promis d'officialiser cette langue, mais il n'y a rien pour le moment. C'est aussi dans les programmes de formation, notamment pour former les enseignants et les éducateurs spécialisés, qu'il faudrait inclure un module «langue des signes» pour qu'ils puissent communiquer avec leurs élèves sourds. * Président de la Fédération nationale des sourds d'Algérie (Fnsa).